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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

proprie à titre de richesses nationales les plus beaux dogmes qu’ils ont reçus de nous.

CHAPITRE III.
Pour établir de nouveau que les Grecs ont tout dérobé aux Hébreux, l’auteur prouve qu’ils ont transporté dans leur histoire et leur mythologie les miracles racontés par les saintes Écritures.

Les voilà donc convaincus d’avoir dérobé aux Barbares leurs dogmes. Mais ils ne s’en tiendront pas là ; les merveilles surprenantes que la puissance divine opéra parmi nous, par l’instrument de quelques justes, pour notre sanctification, vont se dénaturer et alimenter la mythologie de la Grèce. Ici nous leur demanderons d’abord : Les faits que vous racontez sont-ils vrais ou faux ? Ils n’oseront jamais en proclamer la fausseté. Comment espérer qu’ils confessent de leur propre bouche une folie qui va jusqu’à inventer des chimères ? Ils soutiendront sans doute que ces écrits portent le cachet de la vérité. À quel titre, dès-lors, repoussent-ils comme indignes de foi les miracles opérés par Moïse et par les autres prophètes ? En effet, le Dieu tout-puissant, dont la bonté veille sur tous les hommes, les conduit au salut, les uns par les préceptes, les autres par les menaces ; ceux-ci par les prodiges et les miracles, ceux-là par de consolantes promesses.

Une longue sécheresse avait affligé la Grèce. Dans la stérilité et la disette qui en furent la suite, ceux que la faim avait épargnés se rendirent en suppliants à Delphes pour y demander à la prêtresse par quel moyen ils pourraient se délivrer du fléau. — Point d’autre remède que de recourir aux prières d’Éaque, telle fut la réponse de la Pythie. Éaque cède aux instances qui lui sont adressées. Le voilà qui gravit une montagne de la Grèce, étend vers le ciel ses mains purifiées, et, invoquant le père commun des hommes, le conjure de venir en aide à la Grèce désolée. Il n’a pas plutôt cessé de prier, que des coups de tonnerre d’un heureux augure se font entendre, et l’air qui