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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Ce qu’Orphée, dans sa Théogonie, applique à Saturne,

« Il est étendu sur la poussière, sa tête et son cou robuste inclinés, comme ceux d’un homme que le sommeil de la mort a déjà saisi, etc. ; »

Homère le transporte dans l'Odyssée, pour en faire la peinture du cyclope.

Hésiode aussi a dérobé textuellement au poëte Musée le fragment sur Mélampous, qui commence par ces mots :

« Il est juste que l’homme prête l’oreille au récit de ce qu’ont fait les dieux, témoignage visible de bien et de mal. »

Le poëte Aristophane a introduit, dans la Première célébration des Thesmophories, les vers de la comédie des Incendiés par Cratinus. Platon-le-Comique et Aristophane dans le Dédale, se sont pillés mutuellement. Philémon, après avoir opéré quelques changements dans une ingénieuse comédie d’Aristophane, a fait du Cocale de ce dernier son Enfant supposé. Plus loin les compilateurs Eumélus et Acusilas démembrent les vers d’Hésiode ; et, ainsi réduits en prose, ils les publient comme leur propre ouvrage. Mélésagore est effrontément pillé par les historiens Gorgias de Léontium et Eudème de Naxos, par Bion de Proconnèse, qui de plus a copié en l’abrégeant l’histoire du vieux Cadmus ; et par Amphiloque, Aristocle, Léandre, Anaximène, Hellanique, Hécatée, Androtion et Philochore. Dieuchidas de Mégare a dérobé à la Deucalionie d’Hellanique le commencement du discours par lequel elle débute. Passons sous silence les larcins d’Héraclite d’Éphèse, qui a pris la meilleure partie de son ouvrage dans Orphée. C’est dans Pythagore que Platon a puisé le dogme de l’immortalité de l’âme ; Pythagore le tenait des Égyptiens. Un grand nombre de Platoniciens nous ont laissé des écrits dans lesquels il prouvent que les Stoïciens et Aristote ont pris à Platon ses principaux dogmes. Il y a plus. Ce qui constitue le fond de la doctrine d’Épicure, ce philosophe l’a dérobé à Démocrite. Contentons-nous de cette rapide nomenclature. La vie ne me suffirait pas, si je voulais entrer spécialement dans tous les larcins qu’un vain amour de soi inspira aux Grecs, et démontrer comment leur ridicule jactance s’ap-