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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« J’ai été autrefois un jeune garçon, une fille, un arbuste, un oiseau et un poisson des mers, »

a fourni ces mots à Euripide dans son Chrysippe :

« Rien de ce qui naît, ne meurt ; dans la perpétuelle mobilité de la nature, les objets se reproduisent sous des formes nouvelles. » Platon veut-il, dans sa République, la communauté des femmes ? Euripide d’écrire dans le Protésilas :

« Que la couche de l’hymen soit donc commune. »

Euripide lui-même ayant écrit :

« Le nécessaire suffit à l’homme tempérant ; »

Épicure dit formellement :

« La richesse la plus grande est de savoir se contenter du nécessaire. »

Aristophane n’a pas plus tôt écrit :

« Sois juste ; avec la justice arrivent la stabilité, le repos et le calme de la vie ; »

Voilà qu’Épicure nous dit sur ses traces :

« Le fruit le plus important de la justice est l’exemption de toute espèce de trouble. »

Ces nombreux exemples, qui attestent le penchant des Grecs à se dérober mutuellement le fond des pensées, suffiront, et au-delà, pour porter la lumière dans l’esprit de quiconque est capable de comprendre. Mais ils ne se contentèrent pas de s’approprier avec le fond de la pensée, l’expression qui la rend, ou de paraphraser leur plagiat, ainsi que nous le démontrerons. Nous allons de plus les convaincre de vols complets, ils dérobèrent des ouvrages tout entiers qu’ils publièrent sans scrupule sous leur nom. Ainsi firent Eugamon de Cyrène pour un livre en entier des Thesprotes, volé à Musée ; Pisandre de Camira, pour l’Héraclée du Lyndien Pisinus, et Panyasis d’Halicarnasse, pour la Conquête de l’Œchalie, que l’on doit à Cléophile de Samos. Homère lui-même, ce grand poëte, a pris mot pour mot, dans la Mort de Bacchus par Orphée, le fragment de l’Iliade qui débute ainsi :

« Semblable à un olivier touffu, que la main du jardinier cultive avec soin, etc. »