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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Confrontez les uns avec les autres les écrivains qui fleurirent à la même époque, et parcoururent la même carrière, vous surprendrez les traces de leurs déprédations réciproques. Ici c’est Euripide qui dit dans Oreste :

« Doux charme du sommeil, remède à nos maux… »

Là c’est Sophocle qui s’écrie dans Ériphyle :

« Va trouver le sommeil ; il guérira tes maux. »

Si Euripide dit dans Antigone :

« Chez l’enfant illégitime, le nom seul est honteux ; la nature est la même ; »

Sophocle répond dans ses Alévades :

« Toutes les choses qui sont bonnes ont la même nature. »

Je lis dans le Ctimène d’Euripide :

« Dieu vient en aide à l’homme qui travaille ; »

Et dans le Minos de Sophocle :

« Jamais la fortune ne seconde celui qui se manque à lui-même ; »

Dans l’Alexandre d’Euripide :

« Le temps m’éclairera. Es-tu bon ? es-tu méchant ? je le saurai de ce témoin véridique ; »

Et dans l'Hippone de Sophocle :

« Ne me cache point la vérité. Car le temps, aux oreilles et aux yeux duquel rien n’échappe, est le révélateur suprême de toutes choses. »

Poursuivons ce parallèle. Eumélus ayant écrit :

« Les neuf filles de Mnémosyne et de Jupiter olympien ; »

Solon commence ainsi une élégie :

« Brillantes filles de Mnémosyne et de Jupiter olympien ; »

Ailleurs Euripide, paraphrasant ce vers d’Homère :

« Qui es-tu ? quelle est ta patrie ? quels sont les auteurs de tes jours ? »

Le développe dans les iambes suivants de l'Égée :

« De quelle contrée dirons-nous que tu es sorti, pour errer ainsi sur une terre étrangère ? Quel est ton pays ? où est-il situé ? quel est celui qui t’a engendré ? de qui enfin pouvons-nous te proclamer fils ? »