Confrontez les uns avec les autres les écrivains qui fleurirent à la même époque, et parcoururent la même carrière, vous surprendrez les traces de leurs déprédations réciproques. Ici c’est Euripide qui dit dans Oreste :
« Doux charme du sommeil, remède à nos maux… »
Là c’est Sophocle qui s’écrie dans Ériphyle :
« Va trouver le sommeil ; il guérira tes maux. »
Si Euripide dit dans Antigone :
« Chez l’enfant illégitime, le nom seul est honteux ; la nature est la même ; »
Sophocle répond dans ses Alévades :
« Toutes les choses qui sont bonnes ont la même nature. »
Je lis dans le Ctimène d’Euripide :
« Dieu vient en aide à l’homme qui travaille ; »
Et dans le Minos de Sophocle :
« Jamais la fortune ne seconde celui qui se manque à lui-même ; »
Dans l’Alexandre d’Euripide :
« Le temps m’éclairera. Es-tu bon ? es-tu méchant ? je le saurai de ce témoin véridique ; »
Et dans l'Hippone de Sophocle :
« Ne me cache point la vérité. Car le temps, aux oreilles et aux yeux duquel rien n’échappe, est le révélateur suprême de toutes choses. »
Poursuivons ce parallèle. Eumélus ayant écrit :
« Les neuf filles de Mnémosyne et de Jupiter olympien ; »
Solon commence ainsi une élégie :
« Brillantes filles de Mnémosyne et de Jupiter olympien ; »
Ailleurs Euripide, paraphrasant ce vers d’Homère :
« Qui es-tu ? quelle est ta patrie ? quels sont les auteurs de tes jours ? »
Le développe dans les iambes suivants de l'Égée :
« De quelle contrée dirons-nous que tu es sorti, pour errer ainsi sur une terre étrangère ? Quel est ton pays ? où est-il situé ? quel est celui qui t’a engendré ? de qui enfin pouvons-nous te proclamer fils ? »