Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/468

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
464
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nombre des hommes faits, prépare une âme vertueuse à recevoir plus tard le précieux dépôt de la connaissance. Une fois que les Gentils auront été mis à même de reconnaître, par les détails où nous entrerons, qu’en persécutant le véritable adorateur de Dieu, ce sont eux qui font acte d’impiété, fidèle alors au titre et au caractère de Stromates sous lesquels se présentent nos commentaires, nous résoudrons quelques objections, soulevées tant par les Grecs que par les Barbares au sujet de l’avénement de notre Seigneur. Les fleurs diverses qui émaillent les prairies, les grands arbres qui ornent les jardins, ne sont ni séparés, ni groupés par espèces, quoique plus d’un auteur ait réuni dans un même recueil des matières diverses d’érudition qu’il distingua les unes des autres par les titres de prairie, d’hélicon, d’alvéole et de péplos[1]. Nos Stromates ressemblent à une prairie. Mille objets divers s’y mêlent et s’y confondent, à la manière des fleurs, selon qu’ils se sont offerts à notre esprit, jetés sans ordre et sans art, quelquefois même dispersés à dessein. Écrits de la sorte, ils seront pour moi un feu caché sous la cendre que l’on réveille au besoin ; si par hasard ils tombent entre les mains d’un lecteur qui peut être initié aux mystères de la connaissance, ils l’exciteront à y chercher, non pas sans quelque labeur, ce qui peut le servir et lui profiter. La justice voulant que le travail précède la nourriture, n’est-il pas plus juste encore que la fatigue précède la connaissance pour ceux qui tendent au salut et à la béatitude éternelle par la voie étroite et laborieuse, par la voie véritable du Seigneur ? Quelle est notre connaissance ? Quel est notre jardin spirituel ? Notre Seigneur lui-même, dans lequel nous sommes plantés comme dans une bonne terre, après avoir été arrachés au sol stérile de notre vie antérieure. La transplantation développe la bonté du fruit. Or, encore une fois, la lumière et la connaissance véritable, c’est notre Seigneur dans lequel nous avons été transplantés. On distingue deux sortes de connaissances : la première est celle qui porte communément ce nom,

  1. Voile.