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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

purs nous-mêmes et dégagés de cette enveloppe qu’il nous faut promener partout, appelée le corps, et dans laquelle nous vivons emprisonnés ici-bas comme l’huître dans sa double écaille. » Les Pythagoriciens donnent au ciel le nom d’Antichtône, c’est-à-dire terre opposée à la nôtre ; contrée magnifique dont le Seigneur a dit, par la bouche de Jérémie : « Je vous placerai au nombre de mes fils, et je vous donnerai la terre d’élection, héritage du Dieu tout-puissant. Et ceux qui en hériteront seront les rois de la terre. »

Des milliers d’exemples de même genre se présentent encore à mes souvenirs. Mais l’harmonie qui doit présider aux proportions de l’ouvrage m’avertit de cesser, sans quoi l’on pourrait m’appliquer les reproches qu’on lit dans le poëte tragique Agathon :

« Ils traitent l’accessoire avec le même soin que le principal, et le principal avec la négligence de l’accessoire. »

Maintenant qu’il a été démontré avec la dernière évidence, du moins j’aime à le croire, dans quel sens il faut entendre cette parole de notre Seigneur : « Les Grecs sont des voleurs, » je laisse de côté, sans le moindre scrupule, les dogmes des philosophes. S’il me fallait examiner une à une leurs diverses maximes, ces commentaires, si étendus qu’on les suppose, ne suffiraient jamais à démontrer que toute la sagesse de la Grèce a son origine première dans la philosophie barbare. Toutefois nous reviendrons sur ce point, selon que le besoin s’en fera sentir, lorsque nous recueillerons les opinions des Grecs sur les principes. Ce qui précède peut servir d’avertissement indirect pour nous signaler dans quel esprit doit lire les ouvrages des Grecs quiconque se sent capable de naviguer sur cette mer, fertile en écueils.

« Heureux qui possède les richesses de l’intelligence divine ! »

s’écrie Empédocle :

« Malheureux, au contraire, qui se complaît dans les opinions ténébreuses au sujet des dieux ! »

Enseignement divin par lequel le poète nous apprend que