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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

leur chevelure avec une bandelette d’or, et dont les mains sont chargées de fruits précieux. »

Celui donc qui ne croit pas à la vérité, mais qui s’enorgueillit de la science humaine, est un infortuné qui, pour emprunter à Euripide ses expressions, « au lieu de s’élever à Dieu par la vue de ce spectacle, dispute de ce qui se passe dans les hautes réglons de l’air, et sème les sophismes qu’une langue infatigable et pleine d’extravagances décoche au hasard, ignorante de ce qui est caché. » Que le disciple désireux de posséder la véritable doctrine s’approche, afin d’écouter les promesses que lui fait Parménide d’Élée :

« Tu connaîtras les propriétés de l’air, tous les astres qui foulent dans l’espace, et l’action invisible de la lumière pure et sacrée du soleil : toutes choses pleines de mystères, mais dont l’origine te sera révélée ! Tu sauras encore quelle est la marche circulaire de la lune, tu perceras les secrets de la nature ; tu verras le ciel envelopper l’univers dans ses contours. Tu assisteras à sa naissance, le jour où une puissance supérieure l’enchaîna sur nos têtes afin qu’il reçût les astres et leurs révolutions. »

Écoutons encore Métrodore. Quoique disciple d’Épicure, il ne laisse pas de dire avec une sagesse presque divine :

« Ménestrate, puisque tu es né mortel, et que tes jours sont comptés, souviens-toi de t’élancer avec ton âme bien loin de la terre jusqu’à ce que t’apparaissent l’infini et l’éternité, l’éternité avant toi, l’éternité après. »

Ce moment fortuné arrivera lorsque, suivant le langage de Platon, « nous pourrons contempler sans voiles, avec le chœur des bienheureux, l’ineffable spectacle dont ils jouissent, et qu’entraînés, nous sur les pas de Jupiter, les autres sur les pas d’autres dieux, nous célébrerons, s’il est permis de nous exprimer ainsi, les mystères suprêmes de la félicité divine, lavés désormais de toute souillure et affranchis de tous les maux qui nous étaient réservés dans l’autre monde. Plus d’obstacle qui arrête notre vue ! Nous contemplerons sans ombre, et dans des flots de pure lumière, l’éternelle essence,