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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

made, pas une nation enfermée dans des cités qui puisse vivre et se maintenir sans une foi instinctive à un être supérieur. Aussi, courez de l’orient à l’occident, du nord au midi, partout vous trouverez une seule et même prénotion au sujet du monarque suprême, parce que les effets universels de cette puissance créatrice embrassent également tous les lieux. Les philosophes de la Grèce, avec leur soif d’investigations, soutenus d’ailleurs par leurs communications avec la philosophie barbare, allèrent plus loin que leurs contemporains. Ils attribuèrent les soins providentiels au Dieu invisible et unique, au Créateur suprême et à la cause immédiate des choses les plus belles. Toutefois les conséquences de leurs doctrines leur échappent, si nous ne leur venons en aide pour les leur découvrir ; ils ne savent pas même comment il a été donné à cette nature de connaître Dieu. Mais, nous l’avons déjà dit, ils le définissent par des circonlocutions voisines de la vérité. L’apôtre a donc eu raison de dire : « Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? ne l’est-il pas aussi des Gentils ? » entendant par là, que ceux d’entre les Grecs qui croient parviendront à la connaissance de Dieu. Non ; ce n’est point ici une simple prophétie. Il déclare que sous le point de vue de l’autorité Dieu est le Seigneur de tous les hommes, et qu’il est réellement tout-puissant, tandis qu’envisagé sous le rapport de la connaissance, il n’est pas le Dieu de tous. Les Gentils, en effet, ne connaissent ni ce qui est, ni comment le Seigneur est le père et le créateur, ni les autres mystères qui constituent la vérité chrétienne, s’ils n’ont été formés à son école. La prophétie parle le même langage que l’apôtre. Écoutons Isaïe : « Nous mettons notre espérance dans le Seigneur notre Dieu, me dites-vous ! Et moi, je vous dirai : Rendez-vous donc à mon seigneur, le roi des Assyriens. » Isaïe ajoute : « Croyez-vous que ce soit sans la volonté du Seigneur que nous avons apporté la guerre dans ce pays ? » Une autre bouche inspirée, Jonas, laisse entendre quelque chose de semblable : « Et le pilote s’approcha de lui, et lui dit : Pourquoi dors-tu ? Lève-toi ! invoque ton Dieu afin qu’il nous sauve et que nous ne périssions pas. » Ces mots, ton