Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
452
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

du prophète : « Si vous ouvrez le ciel, les montagnes tremblent et se fondent devant votre face, comme la cire devant le feu ; » et celles-ci d’Isaïe : « Qui, de sa main étendue, a mesuré le ciel ? Qui a pesé l’univers dans le creux de sa main ? » On retrouve le même fonds d’idées dans cet autre fragment d’Orphée :

« Monarque du ciel et des enfers, monarque de la terre et des Ondes, toi qui ébranles l’olympe par la voix du tonnerre, toi que redoutent les génies, que craint la foule des dieux ; toi auquel obéissent humblement les Parques, inexorables pour tout autre, Être éternel que nous honorons sous le double titre de Père et de Mère, ta colère secoue le monde entier ; tu déchaînes les vents, tu enveloppes la nature d’épais nuages, et tu déchires les airs par les sillons de ta foudre. Les astres accomplissent leurs révolutions suivant tes lois immuables. Auprès de ton trône étincelant est rangée la multitude des anges, dont la tâche est de veiller aux besoins des mortels et à l’exécution de tes commandements. Le printemps, avec les fleurs nouvelles dont il se couronne, est à toi. L’hiver, avec sa ceinture de glaces et de frimats, est à toi. C’est à toi que nous devons et les présents de la vigne et les fruits de l’automne. »

Puis, le poëte proclamera en termes non équivoques la toute-puissance de Dieu :

« Inaccessible aux atteintes de la mort, les immortels, eux seuls, ont le droit d’articuler son nom. Descends, ô le plus grand des dieux ! Viens, accompagné de l’inflexible nécessité ; viens, Dieu formidable, invincible, grand, immortel, toi qui as les deux pour couronne ! »

Par cette expression, que nous honorons sous le double nom de Père et de Mère, (en grec Métropator), Orphée désigne la création des êtres que Dieu a tirés du néant. Je ne serais pas étonné que ce passage n’ait fourni aux partisans des Émanations et des Æons, l’idée de donner une épouse à Dieu. Au reste, le poète, va commenter les paroles d’Isaïe :