Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/455

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
451
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Partageant la demeure et la table des immortels, délivrés à tout jamais des maux et des douleurs qui affligent l’humanité, » comme nous le promet la muse philosophique d’Empédocle.

Ainsi donc, même selon la croyance des Grecs, il n’y aura pas d’hommes assez grands pour s’élever au-dessus du tribunal suprême, assez petits pour se dérober aux yeux du juge. Le même Orphée nous parle en ces termes :

« Tiens toujours les regards fixés sur le Verbe divin sans jamais les en détourner ; et attentif à sonder les replis de ton âme, marche d’un pas ferme dans la voie droite, ne contemplant jamais que le roi immortel de l’univers. »

Ailleurs, il nomme Dieu l’invisible. Il ne s’est révélé, ajoute-t-il, qu’à un seul homme d’origine chaldéenne, soit qu’il désigne ici Abraham, soit qu’il veuille parler de son fils. Citons-le textuellement :

« Il ne s’est révélé qu’au descendant d’une famille chaldéenne. Ce sage connaissait le cours du soleil, et la révolution qu’il accomplit autour de la terre, entraînant avec lui la sphère des deux, et roulant sur son axe. Il savait quels sont les esprits qui gouvernent le monde, parcourent les airs et descendent dans les profondeurs de l’abîme. » Puis, comme pour expliquer ces paroles des livres saints : « Le ciel est mon trône, et la terre mon marche-pied », il ajoute :

« Inébranlable, éternel, il siége au plus haut des cieux sur un trône d’or. La terre est son marche-pied. Sa droite touche aux extrémités de l’océan. Le souffle de sa colère ébranle jusque dans leurs fondements les montagnes qui ne peuvent supporter le poids de son courroux. Il habite en tout lieu, quoique le ciel soit sa demeure. Rien de ce qui se fait sur la terre ne se fait sans lui ; car il est le commencement, le milieu et la fin de toutes choses. Que dis-je ? Il n’est pas même permis de le nommer. À sa seule pensée, mon corps tremble et frissonne. Des hauteurs où il réside, il gouverne tout ici-bas, etc. »

Magnifique langage, qui rappelle manifestement ces paroles