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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lée dans les festins et dans les plaisirs, puissent échapper après leur mort à la justice divine ? L’œil de la justice est là qui voit tout. Nous savons qu’il existe deux chemins à l’entrée des enfers, l’un qui conduit au séjour des justes, et l’autre à la demeure des impies, quoique la terre les recouvre éternellement. Allez donc, dérobez, ravissez, ne respectez rien ; mais ne vous y trompez pas, il y a un jugement dans l’enfer, un jugement qu’exercera Dieu, le maître souverain de l’univers, dont je n’oserais prononcer ici le nom formidable. Il prolonge quelquefois la vie du méchant : que le méchant ne pense pas pour cela que ses crimes de tous les jours lui soient cachés ou qu’il les regarde avec indifférence ; car cette pensée serait un nouveau crime. La main de la justice retarde la vengeance. Vous qui croyez que Dieu n’est pas, prenez garde ! Il existe, oui, il existe un Dieu ! Si quelqu’un, né mauvais, a fait le mal, qu’il profite du temps qui lui est laissé ; car plus tard il subira des châtiments terribles. »

Même langage de la part de la tragédie.

« Un jour viendra, jour triste et lamentable où l’éther déchaînera les tourbillons de feu qui couvaient dans son sein ; alors la flamme dévorera tout ce qui peuple la terre et le ciel, et il n’y aura point de borne à sa fureur. »

Et quelques vers plus bas :

« Et quand tout sera consommé, l’abîme de l’océan sera désert ; la terre sera désolée : plus de tribus ailées qui s’envolent de sa surface aride vers les hauteurs du ciel ; puis ce qui avait été détruit renaîtra. »

Les poèmes orphiques nous offrent des idées analogues :

« Tout ce qu’il avait enseveli dans son cœur sacré, il le rendit à la lumière brillante du soleil, sous une forme plus belle que par le passé. »

Si nous vivons dans l’innocence et la justice, nous serons sans doute heureux ici bas, mais nous le serons mille fois davantage au sortir de ce monde, puisque au lieu de la félicité du temps, nous jouirons de l’éternel repos,