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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

l’un qu’il nomme le suprême, l’autre qu’il appelle le dernier, ne paraît-il pas nous donner une image du Père et du Fils ? Mais voici qui est plus étrange encore. Homère lui-même, qui nous montre les dieux dominés par les mêmes passions que les hommes, et qui a essuyé là-dessus les reproches d’Épicure, semble connaître la Divinité. Toujours est-il qu’il écrit ces paroles :

« Pourquoi, fils de Pélée, mortel que tu es, poursuis-tu d’un pas rapide un Dieu que la mort ne peut atteindre ? N’as-tu donc pas encore reconnu ma divinité ? »

Le poëte nous déclare ainsi que les pieds, les mains, les yeux, tous les organes de l’homme enfin, sont impuissants pour atteindre ou saisir la Divinité. « À qui avez-vous comparé le Seigneur, dit l’Écriture ? quels traits ont formé son image ? L’ouvrier n’a-t-il pas fait vos statues ? l’orfèvre ne les a-t-il pas dorées ? etc.

Le poète comique Épicharme désigne clairement dans sa République, le Verbe divin :

« La Raison et le Nombre sont absolument nécessaires à la vie de l’homme. »

Ailleurs :

« Nous ne vivons que par la Raison et le Nombre. Rien autre qui soit capable de nous sauver. »

Puis il ajoute avec plus de précision encore :

« La Raison gouverne les hommes et conserve les mœurs. »

Enfin :

« Il y a le raisonnement humain et la raison divine. Le raisonnement humain veille aux nécessités matérielles de la vie. Mais la raison divine est la mère et l’inventrice des arts ; c’est elle qui enseigne personnellement à chacun de nous ce qui lui est utile. Car ce n’est pas l’homme qui a inventé l’art : il vient de Dieu, et de Dieu seul ; la raison de l’homme n’a pas d’autre source que la raison divine. »

Poursuivons. Vous avez entendu l’Esprit saint s’écrier par la bouche d’Isaïe : « Quel fruit me revient-il de la multitude de vos victimes ? Je suis rassasié de vos holocaustes et de vos