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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tout, et s’il y a quelque chose de plus grand encore, c’est Zeus. »

Platon vient confirmer également le témoignage d’Héraclite qui dit : « L’Être qui possède seul la sagesse ne se contente pas d’être appelé l’Unique ; il aime aussi le nom de Zeus. » — « La loi, dit-il ailleurs, c’est d’obéir aux préceptes de l’Être unique. »

« Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! » Voulez-vous pénétrer dans le sens profond de cette maxime des livres saints ? Vous la trouverez ainsi commentée par le même Héraclite d’Éphèse : « Ceux qui entendent sans comprendre ressemblent à des sourds, et ils justifient le proverbe : Absent quoique présent. » Voulez-vous maintenant que les Grecs proclament un seul principe ? Timée de Locres va vous dire textuellement, dans son Traité de la nature : « Le principe de toutes choses est un et incréé. Supposez-le né de quelque autre principe, il cesserait à l’instant d’être principe pour céder la place à qui lui aurait donné l’être. » Doctrine conforme à la vérité, et qui découle de ces paroles de la Bible : « Écoute, ô Israël ! le Seigneur ton Dieu est unique, et tu ne serviras que lui seul. »

« Voici qu’il se révèle à tous, et qu’il dissipe les images de l’erreur, » s’écrie la Sibylle. Homère aussi, par une heureuse inspiration, semble deviner le Père et le Fils lorsqu’il met ces mots dans la bouche des Cyclopes :

« Puisque Personne te fait violence dans ta solitude, il n’est pas possible d’écarter les maux que t’envoye le grand Jupiter[1].

— Car les Cyclopes ne s’inquiètent point de Jupiter. »

Et avant Homère, Orphée, traitant du sujet qui nous occupe, s’écriait :

« Fils du grand Jupiter, père de Jupiter qui porte l’égide. »

Quand Xénocrate de Chalcédoine distingue deux Jupiter,

  1. Voyez Homère, Odyssée, livre IX.