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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

nière et dans la même mesure qu’avant la formation de la terre. Et ainsi des autres éléments. »

Les Stoïciens les plus habiles professent des opinions semblables sur la conflagration et sur le gouvernement du monde, sur le monde et sur l’homme proprement dits, enfin sur l’immutabilité de notre âme, au milieu de ces vicissitudes.

Dans le septième livre de la République, Platon appelle le jour qui nous éclaire ici-bas une lueur nocturne, sans doute à cause « des princes de ce monde ténébreux. » Ailleurs, marchant sur les pas d’Héraclite, il dit que la descente de l’âme dans le corps qu’elle vient animer, est un sommeil et une mort. L’esprit qui inspirait David n’a-t-il pas prédit quelque chose de pareil à l’occasion du Sauveur ? « Je me suis couché et je me suis endormi. Et je me suis réveillé, parce que le Seigneur est mon appui. » Il y a ici une double allégorie. La résurrection du sauveur est son réveil, de même que son incarnation est son sommeil. Voilà pourquoi le Christ nous recommande de veiller, c’est-à-dire : songez à vivre, et travaillez sérieusement à séparer l’âme des embrassements du corps. Platon prédit le jour du Seigneur dans son dixième livre de la République : « Quand chacun, dit-il, est demeuré pendant sept jours dans la prairie, il faut enfin partir, le huitième jour, et arriver au but après quatre jours de marche. » J’entends par cette prairie la sphère immobile, douce et paisible demeure des saints, et par les sept jours, les divers mouvements des sept planètes, et tout mode d’action qui gravite vers le terme du repos. La route qui s’ouvre par de là les planètes est celle qui conduit au Ciel, figuré par le huitième mouvement et le huitième jour. Le voyage de quatre jours n’est rien moins que la route à travers les quatre éléments. Le septième jour est tenu pour sacré, non pas seulement chez les Hébreux, mais encore chez les Grecs, parce qu’il vit le monde accomplir sa première révolution avec l’universalité des animaux et des plantes qui le peuplaient. C’est ce qui inspire ces paroles à Hésiode :

« Le premier, le quatrième et le septième jours de la lune sont sacrés. »