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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

douze jours après sa mort, et lorsqu’il était déjà étendu sur le bûcher. Peut-être le philosophe désigne-t-il en cette rencontre la résurrection ; peut-être aussi annonce-t-il énigmatiquement que les âmes sont obligées de traverser les douze signes du zodiaque avant d’être reçues dans le ciel, de même qu’elles descendent par cette voie sur la terre, au moment de la naissance. Il ne faut pas chercher une autre explication aux douze travaux d’Hercule, après lesquels l’âme est délivrée des angoisses de ce monde. Je ne veux pas laisser échapper l’autorité d’Empédocle. Selon ce physicien, la rénovation de l’univers s’accomplira quelque jour, par la transformation de toutes choses en feu. Héraclite d’Éphèse est évidemment de la même opinion, lorsqu’il distingue deux mondes, l’un éternel, l’autre périssable, mais uniquement dans sa forme et son organisation extérieure, et ne différant pas du premier sous plus d’un rapport. Qu’il attribue l’éternité à celui qui, composé de l’immuable nature des choses, demeure toujours semblable à lui-même, il le déclare formellement par ces paroles : « Le monde qui embrasse l’universalité des êtres, ce n’est ni un Dieu, ni un homme, qui l’a fait. Il a été, il est, et il sera toujours un feu éternellement subsistant, qui tour à tour s’allume et s’éteint avec mesure. » Voulez-vous de plus la preuve qu’il regarde comme soumis à la corruption et à la mort le monde qui a été créé ? vous la trouverez dans les lignes suivantes : « Voici les diverses transformations du feu : il devient d’abord l’eau de la mer ; la moitié de celle-ci se convertit en terre ; puis la moitié de la terre s’évapore en tourbillon igné. » Déclarer que ces modifications s’accomplissent par la puissance, c’est dire, à mon avis, que la vertu de ce Verbe et de ce Dieu, par qui sont réglées toutes choses, transforme dans l’air le feu en une substance humide, qu’il appelle mer, vaste laboratoire d’où sortirent les magnificences de notre monde, le ciel, la terre, et tout ce qui est contenu dans leur sein. Mais comment le monde redevient-il semblable à lui-même pour s’embraser de nouveau ? Héraclite nous l’expose clairement en ces termes : » La mer se répand de la même ma-