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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lement au dixième livre des Lois : « Abstiens-toi en toutes choses de la louange et du serment. » Que dirai-je enfin ? Pythagore, Socrate et Platon qui, selon eux, entendent la voix de Dieu quand ils contemplent la merveilleuse structure de l’univers, que la main divine a si habilement formé et qu’elle conserve tous les jours, n’avaient-ils pas recueilli de la bouche de Moïse ces mots : « Il a dit, et cela fut ; » par lesquels l’historien sacré annonce qu’il suffit à Dieu de parler pour exécuter ? S’agit-il de la création de l’homme qui a été formé du limon, de la terre ? les philosophes lui donnent partout un corps formé de terre. Homère n’hésite point à s’écrier en guise d’imprécation :

« Puissiez-vous, tous tant que vous êtes, devenir terre et eau ! »

« Que votre pied les foule comme la boue, » dit aussi le prophète Isaïe.

Callimaque écrit positivement :

« C’était le temps où les oiseaux, les poissons et les quadrupèdes parlaient comme la fange pétrie par Prométhée. »

On lit ailleurs dans le même poëte :

« Si c’est bien Prométhée qui t’a façonné, si tu n’es pas issu d’une autre fange que la sienne. »

Hésiode s’exprime ainsi à l’occasion de Pandore :

« Il ordonne à l’illustre Vulcain de détremper un peu de terre dans de l’eau, et de placer dans le mélange la voix et l’intelligence de l’homme. »

Les Stoïciens définissent la nature un feu intelligent qui circule pour la génération par des voies mystérieuses. Or, l’Écriture appelle dans son langage allégorique Dieu et son Verbe du nom de feu et de lumière. Mais quoi ! Homère ne décrit-il pas la séparation de l’eau d’avec la terre et l’apparition de l’aride, quand il rappelle le divorce de Thétys et de l’Océan ?

« Depuis longtemps la même couche ne les voit plus s’unir dans de tendres caresses. »

En outre, les plus savants d’entre les Grecs attribuent à Dieu la souveraine puissance sur toutes choses. Qu’on en juge par le pythagoricien Épicharme :

« Rien ne peut échapper à l’œil de Dieu ; ne l’oublie jamais,