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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

crit « d’aimer Dieu et le prochain, » ajoute : « Ces deux commandements renferment la loi et les prophètes. » Ces dogmes sont familiers aux Stoïciens, et avant eux Socrate avait terminé le Phèdre par cette prière : « ô Pan, et vous, divinités qu’on honore en ce lieu, donnez-moi la beauté intérieure de l’âme. » Il dit formellement dans le Théétète : « L’orateur vertueux possède à la fois la bonté et la beauté. » Dans le Protagoras, il avoue aux amis de Protagoras qu’il vient de s’entretenir avec un homme qui était plus beau qu’Alcibiade, s’il est vrai que l’homme le plus sage soit aussi le plus beau. Selon lui, la vertu était la beauté de l’âme, comme le vice en était la laideur.

Antipater le stoïcien, qui a écrit trois livres sur cette maxime de Platon : Il n’y a de bon que ce qui est honnête, prouve aussi que la vertu, comme l’a dit le même philosophe, suffit pour être heureux ; et il expose plusieurs autres principes qui s’accordent avec ceux du Portique. D’après Antipater, Aristobule, qui vécut sous le règne de Ptolémée-Philadelphe, et dont parle l’historien des Machabées, composa beaucoup de Traités ou il démontre que la philosophie péripatéticienne s’est inspirée de la loi de Moïse et des autres prophètes. Que cette vérité reste donc solidement établie.

Platon va nous fournir la preuve irrécusable que nous sommes frères, comme étant les fils du même Dieu et les disciples du même maître. Laissons le parler lui-même : « Habitants de cette ville, leur dirons-nous sous forme d’apologue, vous êtes tous frères. Mais le Dieu qui vous a faits a mêlé d’or, au jour de votre naissance, le germe dont furent produits ceux d’entre vous qui étaient destinés au commandement. De la vient qu’ils sont entourés de considération. Les défenseurs de l’État ont été mêlés d’argent à leur origine. La classe des laboureurs et des artisans a reçu dans ses veines du fer et de l’airain. De là, poursuit Platon, il suit nécessairement que les premiers recherchent et embrassent ce qui est du domaine de la connaissance, et les autres ce qui est du domaine de l’opinion. » Peut-être le génie de Platon a-t-il pressenti cette na-