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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tuel les idées des êtres vivants, et plaçant ici-bas les formes sensibles, moulées pour ainsi dire sur les divers types spirituels, ne suit-il pas encore les traces de Moïse ? Le législateur hébreu a donc raison de nous apprendre que ce corps, appelé par Platon une tente terrestre, a été pétri du limon de la terre, tandis que l’âme douée de raison, a été répandue sur la face de l’homme par le souffle de Dieu. Le visage, en effet, passe pour le siége de cette faculté dominante dans l’opinion qui explique de la sorte l’entrée de l’âme dans le premier homme par la voie des sens. Voilà pourquoi, ajoute-t-on, l’homme a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Car la raison divine et royale, l’homme inaccessible aux passions, est l’image de Dieu, mais l’âme humaine n’est que l’image de l’image.

Voulez-vous envisager cette ressemblance sous une autre dénomination ? Moïse va la caractériser, en disant qu’elle consiste à suivre Dieu. « Suivez le Seigneur votre Dieu, dit-il, et gardez ses commandements. » C’est qu’en effet on suit et on adore Dieu, quand on pratique la vertu. Telle est la raison pour laquelle les Stoïciens déclarent que la fin de la philosophie est de vivre conformément aux lois de sa nature. Platon, lui, la place dans la ressemblance même avec Dieu, ainsi que nous l’avons montré dans notre second livre des Stromates. Zénon le stoïcien, d’après Platon, et Platon lui-même, d’après la philosophie barbare, disent que tous les hommes de bien se chérissent mutuellement. « Il n’a pas été permis, dit Socrate dans le Phèdre, que le méchant fût ami du méchant, ou que l’homme de bien ne fût pas l’ami de l’homme de bien. » Il démontre longuement la même proposition dans le Lysis, où il conclut qu’il ne peut exister d’amitié durable entre l’injustice et la perversité. Citons encore les paroles de l’hôte athénien[1] : « Mais qu’elle est la conduite agréable à Dieu ? une seule, fondée sur ce principe ancien, que le semblable plaît à son semblable quand l’un et l’autre sont dans le juste milieu ; car toutes les choses qui sortent de ce milieu

  1. Lois de Platon, livre IV.