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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Divinité. Comment a lieu cette répartition ? Qu’est-ce que l’Esprit-saint ? Nous l’expliquerons quand nous viendrons à traiter de la prophétie et de l’âme. Terminons par ce mot d’Héraclite : « L’incrédulité n’est bonne qu’à dérober aux regards la profondeur des mystères ; l’ignorance, en effet, se retranche derrière l’incrédulité. »

CHAPITRE XIV.
Les Grecs ont emprunté leurs dogmes aux livres des Hébreux.

Il est temps d’aborder les matières qui suivent et d’étaler au grand jour les vols que la Grèce a faits à la philosophie barbare.

Et d’abord les Stoïciens définissent Dieu de même que l’âme, un corps et un esprit existant de sa propre nature. Ouvrez les livres saints ; vous trouverez cette définition mot pour mot. N’interrogeons point encore ici, avec le flambeau de l’exégèse érudite et véritable, le sens allégorique des livres saints, et ne cherchons point à voir si, à la manière des habiles lutteurs, ils ne cachent pas quelquefois une intention secrète sous les démonstrations du dehors. Les Stoïciens veulent que l’âme de Dieu soit répandue dans toute la nature, tandis que nous l’appelons, nous, l’unique Créateur de toutes choses et créateur par le ministère du Verbe. Ils ont été trompés par cet oracle de la sagesse : « Elle pénètre et atteint partout à cause de la pureté, » sans comprendre qu’il était ici question de la sagesse, qui fut la première création de Dieu.

— « Fort bien, me direz-vous ! Mais tous les philosophes comptent la matière au nombre des principes ; pas un qui admette un principe unique. L’école du Portique, Platon, Pythagore et Aristote le péripatéticien sont unanimes sur ce point. »

— Et moi, je vous réponds à mon tour, que ce que vous appelez la matière et auquel vous refusez toute qualité sensible, toute forme déterminée, Platon, plus hardi que vous, le