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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

rie des brebis, mais qui s’y introduit par une autre voie, est un voleur et un brigand. Celui, au contraire, qui entre par la porte est le pasteur des brebis ; le portier ouvre à celui-là. » Ensuite le Seigneur, poursuivant la même comparaison : « Je suis, dit-il, la porte des brebis. »

Il faut conclure de là que pour être sauvé il est nécessaire d’avoir appris la vérité de la bouche du Christ, quand même on se serait élevé jusqu’aux maximes de la philosophie grecque. Car il est enfin dévoilé, « le mystère qui n’avait point été découvert aux enfants des hommes dans les siècles précédents, comme il a été révélé de nos jours. » En effet, l’idée de Dieu, en tant qu’unique et tout-puissant, résida toujours par une sorte de révélation naturelle dans les esprits droits, et la plupart de ceux qui ne dépouillèrent pas tout respect pour la vérité, participèrent à l’éternel bienfait de la divine Providence. Ainsi, pour nous renfermer ici dans quelques exemples abrégés, Xénocrate de Chalcédoine ne répugne point à croire que l’idée de Dieu soit commune, même aux animaux dépourvus de raison. Démocrite est d’un avis contraire ; mais la force des principes qu’il a posés l’entraînera malgré lui dans les mêmes aveux. Car d’après son système, ce sont les mêmes images, qui, parties de l’essence divine, vont frapper les organes des hommes et ceux des animaux. Et comment l’homme n’aurait-il pas l’idée de Dieu, quand la Genèse nous le représente recevant le souffle de la vie et formé d’une essence plus pure que celle de toutes les autres créatures ? Voilà pourquoi Pythagore déclare que l’intelligence arrive à l’homme par une influence divine. Platon et Aristote s’accordent là-dessus avec Pythagore. Pour nous, Chrétiens, nous disons que le souffle de l’Esprit saint est envoyé à celui qui possède la foi. Suivant les Platoniciens, l’intelligence est une émanation de l’influence divine ; l’âme est sa demeure comme le corps est la demeure de l’âme. En effet, Joël, l’un des douze prophètes, dit formellement : « Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront. » Qu’on ne s’imagine pas néanmoins que l’Esprit soit en chacun de nous comme une parcelle de la