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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

vions, il s’ensuit que la vertu n’est point naturelle à l’homme, ni ne peut s’apprendre, mais qu’elle arrive par une influence divine à ceux en qui elle se rencontre, non sans intelligence de leur part.[1] » Ainsi donc la sagesse, qui est le don de Dieu et la vertu du Père, d’une part, sollicite l’action de notre liberté, de l’autre accueille la foi, et récompense les œuvres du zèle par la faveur suprême de l’élection. Et ici je vous citerai le témoignage de Platon lui-même, qui déclare formellement qu’il faut ajouter foi aux enfants de Dieu. Il venait de discourir dans le Timée sur les dieux invisibles et engendrés ; il ajoute : « Parler de ceux qu’on nomme Génies et connaître leur origine, c’est un effort qui surpasse notre intelligence. Il faut donc, sur cette matière, nous en rapporter aux premiers hommes, qui étant nés des dieux, comme ils le disaient eux-mêmes, ont dû connaître parfaitement leurs pères. Et véritablement, il est impossible de ne pas croire les enfants des dieux, quand même ils n’apporteraient à l’appui de leurs paroles aucun motif de conviction ou de vraisemblance.

Je doute que la Grèce puisse nous fournir un témoignage plus décisif que notre Sauveur et tous ceux qui ont reçu la consécration prophétique ; notre Sauveur, à titre de fils légitime, les prophètes, à titre de fils adoptifs, sont des témoins irrécusables sur les merveilles divines. Croyons-les donc, ajoute Platon, ils sont inspirés de Dieu. Que si quelqu’un vient nous crier avec une sorte de dignité tragique : « Je ne puis croire ;

Car ce n’est pas Jupiter lui-même qui m’a parlé ; »

Qu’il ne l’oublie pas, c’est Dieu lui-même qui a promulgué les saintes Écritures par la bouche de son Fils. N’est-il pas digne de foi, celui qui annonce les choses dont il est le maître et qui lui sont personnelles, puisque « nul, selon l’oracle du Sei-

  1. Le texte de Platon porte sans intelligence de leur part. Saint Clément d’Alexandrie aura sans doute eu entre les mains un texte qui justifie cette leçon, plus d’accord avec les idées chrétiennes qui ne veulent pas que la grâce prévienne l’homme sans un mouvement intérieur de sa volonté et de son intelligence pour se mettre en correspondance avec elle.