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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

langue purifiée avec du feu, afin de pouvoir raconter sa vision ; et ce n’-est pas seulement notre langue, mais nos oreilles que nous devons purifier, si toutefois nous voulons être faits participants de la vérité. Ces considérations m’empêchaient d’écrire ; et maintenant encore je crains, comme dit le Seigneur, « de jeter nos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se retournant, ils ne nous déchirent : « car il est dangereux de proférer des paroles vraiment pures et claires sur la lumière véritable, devant des auditeurs ignorants et semblables à des pourceaux ; car rien ne leur paraît plus ridicule, tandis que l’auditeur intelligent île trouve rien de plus admirable, rien où Dieu se révèle davantage. « L’homme-animal n’admet point les choses qui sont de l’esprit de Dieu ; elles lui paraissent une folie. » Les sages ne divulguent pas au dehors le secret des délibérations intérieures. « Ce que vous entendez à l’oreille, dit le Seigneur, prêchez-le sur les toits. » Mais ici il veut parler des traditions ignorées concertant la vérité, traditions dont il nous a donné le sens d’une manière sublime et parfaite. Voilà celle dont il veut qu’on reçoive le dépôt pour le transmettre à tous. Mais il ne nous enjoint pas de dévoiler à tous indistinctement les choses qui leur ont été dites en paraboles. C’est sur ce modèle que nous avons fait ce recueil où la vérité est répandue comme une semence qui peut échapper à ceux dont le langage n’est pas plus suivi que celui du geai. Pour échapper à l’œil de ceux qui vont partout recueillant des lambeaux de phrases, comme les geais recueillent les graines semées, ces commentaires ressembleront à toute œuvre qui renferme çà et là répandue la vérité ; mais qu’elle rencontre un laboureur intelligent, elle germera et produira du froment.