Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/429

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

comme le grand chemin par lequel Dieu descend dans l’esprit de l’homme. »

« Nul ne vit jamais Dieu. Le Fils unique, qui habite dans le sein du Père, est celui qui nous en a donné connaissance, dit aussi l’apôtre Jean. » Dans le sein de Dieu ; quelques-uns se sont autorisés de ces paroles qui désignent l’invisible et l’ineffable, pour appeler Dieu le profond, attendu qu’il renferme et embrasse toutes choses comme dans le sein de son immensité, être infini et sans bornes que nul ne saurait atteindre. Il est certain que la discussion présente, qui a Dieu pour objet, se hérisse de difficultés. S’il est constaté que découvrir le principe de quoique ce soit est chose laborieuse, à plus forte raison, le premier et le plus ancien de tous les principes, celui par lequel les autres existent et continuent d’exister, sera-t-il difficile à démonter ? De quel nom appeler, en effet, celui qui n’est ni genre, ni différence, ni espèce, ni individu, ni nombre, ni accident, ni soumis à rien d’accidentel ? Direz-vous qu’il soit un tout ? L’expression demeure imparfaite, puisque un tout est une quantité mesurable, et que Dieu est le père de l’universalité des êtres. Lui donnerez-vous des parties diverses ? Non, sans doute ; car ce qui est un est indivisible. Voilà pourquoi il est infini, non pas dans ce sens que la pensée humaine le conçoit comme impossible à embrasser ; mais parce qu’il n’admet point de dimension et ne connaît point de bornes. Aussi n’a-t-il pas de formes, et ne peut-il être nommé. Et si nous le désignons quelque fois par ces termes, le Dieu un, le Dieu bon, l’Esprit, l’Être par excellence, le Père, le Dieu, le Créateur, le Seigneur, ce sont là des dénominations dépourvues de justesse et impuissantes à le caractériser. Nous ne recourons à ces mots dignes de respect que par indigence du nom véritable, pour fixer notre pensée et L’empêcher de s’égarer sur d’autres appellations qui dégraderaient l’Éternel. Aucun de ces termes, pris séparément, n’explique Dieu ; réunis ensemble, ils indiquent sa toute-puissance. On connaît les choses ou par leur propre nature, ou par le rapport qu’elles ont les unes avec les autres. Ici rien de tout cela ne convient à Dieu. La démons-