Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/427

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
423
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

« Pas un mortel qui le voie, et lui, il les voit tous. »

Mais le poëte va s’exprimer plus clairement encore :

« Je ne le vois pas, car son trône immuable est assis au milieu des nuages, et les débiles paupières des hommes, qui ne sont qu’os et que chair, ne sauraient percer dans ces profondeurs. »

L’apôtre fortifiera ce qui précède de l’autorité de son témoignage : « Je connais un homme en Jésus-Christ, qui fut ravi jusqu’au troisième ciel et de là, dans le paradis. Et il y entendit des paroles mystérieuses qu’il n’est pas permis à un homme de rapporter. » L’apôtre donne ainsi à entendre que la langue humaine est impuissante à exprimer Dieu. Il n’est pas permis, ajoute-t-il. Non qu’en se taisant il obéisse à quelque loi ou à quelque défense ; il veut seulement nous indiquer que la sainteté elle-même ne pourrait énoncer l’idée de Dieu, puisque ce n’est qu’au-dessus du troisième ciel qu’il commence à être nommé, comme il est permis aux anges qui l’habitent d’initier aux saints mystères les âmes des élus. À propos de ce troisième ciel, l’Écriture pourrait me suggérer ici une foule de témoignages empruntés à la philosophie barbare. Ils attendront, conformément à mes promesses, le moment que je leur ai assigné. Qu’il nous suffise pour le présent d’un passage de Platon. Ayant mis en question, dans le Timée, s’il y avait plusieurs mondes, ou s’il n’y en avait qu’un seul, celui que nous habitons, le philosophe emploie indifféremment le mot de ciel et celui de monde. Au reste, laissons-le parler lui-même : « Avons-nous eu raison de dire qu’il n’y avait qu’un ciel, ou bien qu’il y en avait plusieurs et dans un nombre infini ? Il valait mieux nous en tenir à un seul, puisqu’il a été fait d’après le type unique ? » Il est écrit dans l’épître de l’Église romaine aux Corinthiens : « Un océan sans bornes et les mondes qui sont au-delà. » C’est pour cela que le divin apôtre s’écrie : Ô profondeur des trésors de la sagesse et de la science de Dieu ! » N’est-ce donc pas là le symbolique avertissement que donnait le prophète, lorsqu’il prescrivait de pétrir des pains azymes, et de les cuire sous la cendre ? C’était nous in-