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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Elles sont donc d’un haut enseignement, ces paroles de Paul dans les Actes des Apôtres : « Dieu, qui a fait le monde et tout ce qui est dans le monde, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples bâtis par des hommes ; il n’est point honoré par les œuvres des mortels, comme s’il avait besoin de quelque chose, lui qui donne tout à tous, et la vie et la respiration. « Zénon, chef de l’école stoïcienne, dit dans son Traité de la République qu’il ne faut ni ériger des temples, ni dresser des statues, parce que rien de ce que bâtissent les hommes, n’est digne des dieux. Mais écoutons-le parler lui-même. Il n’a pas craint de s’exprimer ainsi : « Il ne sera pas besoin d’élever des temples ; car il ne faut pas regarder un temple comme une chose sainte et d’un grand prix. Rien de ce qui sort de la main d’un maçon et d’un artisan grossier ne peut être saint et précieux. » C’est donc avec beaucoup de sagesse que Platon aussi, persuadé que l’univers est le temple de Dieu, destine aux citoyens un endroit de la cité, où ils devront exposer leurs simulacres. Mais il défend à qui que ce soit, homme ou femme, d’avoir des chapelles domestiques[1]. « Que personne autre, dit-il, ne consacre des temples aux dieux. Dans les autres états, l’or et l’argent qui brillent dans les maisons particulières et dans les temples, excitent l’envie. L’ivoire dépouillé d’un corps séparé de son âme, n’est point une offrande qui puisse être agréée. Le fer et l’airain sont destinés à être les instruments de la guerre. Que chacun présente donc comme offrande, dans les temples communs, l’ouvrage qu’il lui plaira, en bois ou en pierre, pourvu qu’il soit fait d’une seule pièce[2]. » Le même philosophe a donc encore raison de dire dans sa grande lettre : « Le mystère de l’essence divine ne peut s’exprimer par le langage humain à la manière des autres sciences. Mais, après avoir longtemps concentré notre intelligence sur lui, et avoir vécu avec lui dans une sorte de commerce intime, la lumière, comme échappée d’un

  1. Voyez les Lois, livre X.
  2. Les Lois, livre XII.