Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/423

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
419
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

présenter le monde dans lequel naquirent toutes les œuvres de la création. Dans le monde aussi brilla et porta des fruits le Verbe fait chair ; dans le monde, il vivifia ceux qui goûtèrent la douceur de ses fruits. N’est-ce pas, en effet, par l’arbre du salut qu’il s’est manifesté à nous ? « L’auteur de notre vie n’a-t-il pas été suspendu pour exciter en nous la foi ? » Salomon nous dit encore : « La sagesse est l’arbre de vie pour ceux qui l’embrassent et s’y attachent. » De là, les paroles du Tout-Puissant à Israël : « Voilà que j’ai mis devant tes yeux la vie et la mort ; tu es libre d’aimer le Seigneur ton Dieu, et de marcher dans ses voies et d’obéir à ses commandements, et de croire en la vie qu’il te promet. Mais si tu violes les préceptes et les lois que je t’ai données, tu périras. Car chérir le Seigneur ton Dieu, voilà ta vie et la longueur de tes jours. » — Abraham, est-il dit encore, s’achemina vers le lieu où Dieu lui avait ordonné d’aller, et, le troisième jour, levant les yeux, il vit ce lieu de loin. » En effet, le premier jour est rempli par l’admiration de ce qui est beau, le second par les nobles désirs de l’âme, et dans le troisième, l’intelligence pénètre les choses spirituelles, après que les yeux de la pensée ont été ouverts par le maître qui est ressuscité le troisième jour. Ces trois jours peuvent encore signifier le mystère du sceau sacré par lequel le néophyte croit au Dieu véritable. Abraham, par conséquent, vit le lieu de loin. C’est qu’il est difficile de pénétrer dans la région de ce Dieu que Platon appelle la région des idées, après avoir lu dans Moïse qu’il renferme en lui la plénitude et l’universalité des choses. Abraham le voit de loin ; expression pleine de justesse ! car le patriarche est encore retenu dans les liens du corps, et il lui faut un ange pour l’introduire dans la connaissance du mystère. Voilà pourquoi l’apôtre a dit : « Nous ne voyons Dieu maintenant que comme dans un miroir ; mais alors nous le verrons face à face ; » c’est-à-dire, par la seule force de nos facultés intellectuelles, sans l’obstacle du corps et de la matière.

Nous pouvons néanmoins deviner et entrevoir Dieu par la méditation si, dégageant notre âme de l’empire des sens, nous