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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

que de se livrer à de hautes contemplations, et d’embrasser dans ses intuitions et la nature et les choses. Quant à nous, le mode de nos cérémonies expiatoires est la confession, et nous nous élevons à la contemplation par la voie de l’analyse. Par l’analyse nous montons de degré en degré jusqu’à l’intelligence première, en partant des êtres qui lui sont subordonnés, et en dégageant les corps des propriétés physiques qui leur sont inhérentes. Nous en retranchons, par exemple, les trois dimensions, la profondeur, la largeur, la longueur. Ce qui reste après cela est l’unité réduite, pour ainsi-dire, à un point sans étendue. Supprimez ce point lui-même, vous tombez dans l’abstraction de l’unité. Si donc, écartant des corps les propriétés qui leur sont inhérentes et celles que l’on nomme incorporelles, nous nous précipitons dans les grandeurs du Christ, et qu’à force de sainteté, nous nous élevions ensuite jusqu’à son immensité, nous parviendrons en quelque sorte à connaître le Tout-Puissant, moins toutefois pour le comprendre dans ce qu’il est, que dans ce qu’il n’est pas. Mais que ces expressions des livres saints, figure, mouvement, état, siège, lieu, main droite, main gauche, soient littéralement applicables au Créateur de l’univers, il ne faut pas même le penser. Quel est le sens de ces mots ? Nous le montrerons en son lieu, suivant notre promesse.

La Cause première ne se trouve donc pas renfermée dans un lieu. Elle est au-dessus des lieux, au-dessus du temps, au-dessus du langage et de l’intelligence. Voilà pourquoi Moïse lui-même s’écrie : « Montrez-vous à moi ! » témoignant par là bien clairement que Dieu, impossible à enseigner et à exprimer par la parole humaine, ne peut être connu que par la vertu qui émane de lui. Car en vain vous cherchez ; pas de forme à saisir ; rien qui tombe sous les sens. Mais la grâce de la connaissance de Dieu vient de Dieu par l’intermédiaire de son Fils. Salomon va nous appuyer de l’évidence de son témoignage : « La prudence de l’homme n’est pas en moi, dit-il, mais Dieu me donne la sagesse, et je connais la science des saints. » L’arbre de vie, planté dans le paradis, est encore une figure par laquelle Moïse désigne la divine providence ; et le paradis à son tour peut re-