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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lesse et une douce mort, bien qu’il ne soit soumis ni à la vieillesse ni à la mort. N’allons donc pas nous imaginer que les Hébreux, en parlant des mains du Tout-Puissant, de ses pieds, de sa bouche, de ses yeux, de son arrivée, de son départ, de ses colères, de ses menaces, aient voulu dire que Dieu connaissait nos passions. Il n’en est rien. La piété ne voit dans ces expressions que des allégories dont nous expliquerons le sens quand l’occasion s’en présentera.

« De tous les remèdes, le plus salutaire c’est la sagesse, » dit Callimaque, dans ses Épigrammes. — « Pas de sage qui n’ait appris d’un autre la sagesse ; c’est une loi du passé comme du présent, dit Bacchylide dans ses Pœans ; car il n’est pas facile de trouver seul la clé des paroles secrètes et mystiques. » Ainsi, on ne peut que louer Isocrate, lorsque dans le début de son Panathéné, après s’être posé cette question : « À qui donnerai-je le nom de sage ? » il répond : « À ceux qui tournent à bien les événements de chaque jour, et dont la sagacité juge sainement les circonstances, et atteint le plus souvent le but qu’il fallait frapper ; à ceux qui apportent dans les relations de l’amitié, la droiture du cœur et la justice la plus sévère ; toujours patients et résignés dans les ennuis ou les indignités que les autres peuvent leur faire souffrir, tandis qu’ils veillent eux-mêmes à ne montrer à ceux qui les fréquentent, que l’humeur la plus égale et la plus grande modération possible ; à ceux qui, déjà vainqueurs des voluptés, au lieu de se laisser abattre par le malheur, font face à la mauvaise fortune, avec un courage digne de la noblesse de notre nature ; à ceux, enfin, et cette dernière classe est la plus relevée, à ceux que la prospérité ne peut ni corrompre, ni changer, ni enorgueillir, mais qui se maintiennent invariablement dans le cercle de la sagesse. » L’orateur arrive ensuite à la conclusion de son discours : « Quant à ceux qui, par leurs habitudes et leur manière d’être, accomplissent, sans se démentir, non-seulement un de ces devoirs, mais l’ensemble de ces devoirs, je les appelle des hommes éclairés et parfaits, des hommes doués de toutes les vertus. »