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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

péripatéticienne, avec ses catégories des choses probables et des choses scientifiques, n’est pas loin de distinguer les opinions humaines de la gloire réelle et de l’immuable vérité.

« Ne te laisse point asservir par le désir des honneurs et des récompenses, fleurs d’un jour que distribue la main des hommes. Tes paroles en seront plus droites et plus agréables aux dieux. »

Les muses de l’Ionie disent clairement que le vulgaire et les prétendus sages suivent en aveugles les poëtes et les lois, tout en sachant bien que le grand nombre en est mauvais, et que de lois et de poëtes il y en a bien peu de bons. Les hommes d’élite, au contraire, recherchent la gloire véritable.

« Loin d’imiter la multitude qui s’attache à des choses d’un jour, poursuit le même poëte, les hommes d’élite se prennent d’amour pour une gloire immortelle ; mais, semblable aux animaux, la foule ne songe qu’à satisfaire les appétits les plus grossiers. L’intempérance, la débauche, voilà l’unique mesure de son bonheur. »

Le célèbre Parménide d’Élée distingue aussi deux voies différentes : « L’une, dit-il, est celle de la vérité, déesse aux paroles persuasives et au cœur immuable. L’autre est celle des opinions humaines, fantômes mobiles, auxquels il est dangereux de se confier. »

CHAPITRE X.
Les Apôtres ont cru aussi qu’il fallait couvrir d’un voile les mystères de la foi.

Le divin apôtre a donc eu raison de dire : « C’est par révélation que m’a été découvert ce mystère dont je viens de vous parler en peu de mots, en sorte que vous pourrez voir par la lecture que vous en ferez, quelle est l’intelligence que j’ai du mystère de Jésus-Christ ; mystère qui n’a point été découvert aux enfants des hommes dans les siècles précédents, comme il est maintenant révélé aux saints apôtres