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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

monde des esprits, ainsi le nom gravé sur les lames d’or a été jugé digne de s’élever au-dessus de toute principauté et de toute puissance ; auguste emblème, et des commandements écrits, et de la présence divine qui se manifeste en tous lieux. Ce nom a été appelé le nom de Dieu, parce que c’est dans la contemplation éternelle de la bonté du Père, que le Fils agit, le Fils, Dieu nommé Sauveur, principe universel, qui, après avoir le premier et avant les siècles, reproduit dans sa personne l’image du Dieu invisible, forma tous les autres êtres qui ont été faits après lui. Le rational est le symbole de la prophétie qui crie et prêche par la bouche du Verbe ; il annonce également le jugement à venir. N’est-ce pas, en effet, le même Verbe qui prédit, juge et discerne toutes choses ? On veut que la robe longue ait été le symbole prophétique de l’économie de l’incarnation par laquelle le Verbe fut vu de plus près dans le monde. Voilà pourquoi le grand-prêtre, après s’être dépouillé de la tunique sanctifiée, car le monde et les créations de ce monde ont été sanctifiés par celui qui leur donna son auguste approbation quand elles sortirent de ses mains, se lave et revêt l’autre tunique, la tunique du Saint des saints, pour ainsi parler, avec laquelle il entre dans le sanctuaire. Pour moi, je découvre là un symbole sublime. Il me semble que l’homme à la fois prêtre et gnostique, prince en quelque sorte de tous les autres prêtres qui ne sont purifiés que dans l’eau, qui n’ont revêtu que la foi et n’attendent que des tabernacles inférieurs, après avoir discerné du monde des sens le monde de l’esprit, planant au-dessus de tout le collége des prêtres, et s’efforçant de pénétrer jusqu’à l’être qui n’est perceptible qu’à l’intelligence, se purifie de toutes les choses de la terre, sans avoir besoin désormais des ablutions sacerdotales auxquelles il était soumis quand il appartenait à la tribu lévitique. Lorsque le Verbe, principe de toute connaissance, l’a purifié jusque dans le fond du cœur, lorsque sa conduite est sans tache, et qu’il a élevé à un degré plus haut la vie sacerdotale, alors, réellement sanctifié dans toutes les puissances de son être, et par ses œuvres et par ses paroles, nageant dans les magnificences de la gloire, déjà mis en posses-