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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

danger à côté des Syrènes, et un autre qui a pu expliquer l’énigme du Sphinx ; il n’y en a pas eu même un, si vous le voulez. Il ne faut donc pas élargir ses phylactères par un désir de vaine gloire. Le gnostique n’eût-il même trouvé qu’un seul auditeur, c’est assez pour lui. Ces paroles du poète thébain peuvent ici trouver leur place : « Ne faites pas jaillir à tous les « yeux la source des traditions antiques. » Le silence est quelquefois plus sûr. Souvent le meilleur discours est un aiguillon de combat. Aussi est-ce avec raison que le bienheureux apôtre nous recommande expressément « de ne point nous livrer à des disputes de paroles qui ne servent qu’à pervertir ceux qui les écoutent, et de fuir les vains discours des séducteurs. Car ils contribuent beaucoup à l’impiété, et leur doctrine est comme la gangrène qui répand insensiblement sa corruption. »

CHAPITRE XI.
Quelle est la sagesse et la philosophie que l’apôtre nous exhorte à fuir.

Cette sagesse de l’homme est donc une folie aux yeux de Dieu, et le Seigneur pénètre les pensées de ces sages, et il en connaît la vanité. Que personne donc ne se glorifie de l’emporter en sagesse sur les autres ; car c’est avec raison qu’il est écrit dans Jérémie : « Que le sage ne se glorifie point dans sa sagesse, que le fort ne se glorifie point dans sa force, que le riche ne se glorifie point dans sa richesse ; mais que celui qui se glorifie, se glorifie de me connaître et de savoir que je suis le Seigneur qui fais miséricorde et jugement et justice sur la terre, parce que telle est ma volonté, dit le Seigneur. » « Ne mettons point notre confiance en nous-mêmes, dit l’apôtre, mais en Dieu qui ressuscite les morts, lequel nous a délivrés des mains d’une telle mort ; afin que « notre foi ne soit pas établie sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu ; car l’homme spirituel juge de tout et n’est jugé par personne. » Je comprends aussi ces pa-