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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

ce qui le flatte ; et rien de plus agréable pour lui que les choses qui lui ressemblent. Tout ce qui est sourd et aveugle, et conséquemment tout ce qui n’a ni l’intelligence, ni le regard ferme et pénétrant de l’âme contemplative, qualité que le Seigneur seul peut donner, n’étant pas encore pur, ni digne de la chaste vérité, mais au contraire demeurant étranger aux lois de l’ordre, de l’harmonie, et toujours plongé dans la matière, doit se tenir hors du chœur divin, comme on écarte un profane de l’entrée des mystères, comme on éloigne des chœurs un homme qui ne sait ni la danse ni la musique. « Nous communiquons les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels. » Voilà pourquoi les Égyptiens par leur adyte[1], les Hébreux par le voile de leur temple figurèrent sous forme de symbole, cette parole sacrée et vraiment divine, cette parole qui nous est si nécessaire, et qui repose dans le sanctuaire de la vérité. Pénétrer dans l’adyte, et soulever le voile mystérieux, n’était permis qu’à ceux qui étaient consacrés, c’est-à-dire voués à Dieu, et qui avaient circoncis leur cœur pour en retrancher les désirs mauvais et n’y laisser de place qu’a l’amour de Dieu. Platon aussi regarde comme un crime « que ce qui est impur touche à ce qui est pur. » Voilà pourquoi les prophéties et les oracles enveloppent leurs réponses de mystérieuses obscurités ; voilà pourquoi on n’admet point le premier venu à la célébration des mystères : l’initiation demande des purifications et des enseignements préparatoires. « La muse n’était pas alors avide de gain, ni descendue au rang de mercenaire. Les doux chants de Terpsichore, avec leur voix de miel, et leur front d’argent, n’avaient pas encore appris à se vendre. »

Dans l’éducation égyptienne, le disciple commence par apprendre le système des lettres égyptiennes, que l’on nomme Épistolographiques ; vient ensuite le système des lettres hiératiques, à l’usage des prêtres qui écrivent sur les choses sacrées ; on achève par le système des Hiéroglyphiques. Ces dernières se divisent en deux classes ; les unes sont destinées

  1. Sanctuaire.