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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

faut à la multitude des preuves palpables à l’appui de la vérité : le salut qui vient de la foi ne lui suffit pas, s’il est seul.

« Il est dangereux de croire à la parole des méchants, quoiqu’ils aient souvent le dessus. Écoute ce qu’enseigne notre muse : Déchire l’enveloppe du discours ; au fond de ses entrailles est la science. »

« C’est en effet la coutume des méchants, dit Empédocle, de vouloir triompher de la vérité par leur incrédulité même. »

Que nos doctrines reposent sur des preuves solides et dignes de créance, les Grecs le reconnaîtront, s’ils donnent une attention plus sérieuse aux commentaires qui vont suivre. Les semblables, en effet, sont enseignés par les semblables. C’est la pensée de Salomon dans cette maxime : « Réponds au fou ce qui convient à sa folie. » À ceux donc qui demandent une sagesse humaine et dont les éléments sont en eux, il faut offrir des enseignements analogues, et qui leur sont familiers, afin de les amener plus facilement, par les routes qui leur conviennent, à croire aux paroles de la vérité. « Je me suis fait tout à tous, dit l’apôtre, pour les gagner tous. » La pluie de la grâce divine ne tombe-t-elle pas également sur les bons comme sur les méchants ? « Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs, s’écrie l’illustre apôtre ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui certes, il l’est aussi des Gentils, puisqu’il n’y a qu’un Dieu. »

CHAPITRE IV.
Les Gentils et les écrivains sacrés enveloppent habituellement d’un voile allégorique les traditions relatives à la Divinité.

Vous refusez de croire au bien, par des motifs de sagesse, et à la connaissance en tant que voie de salut, dites-vous ? — Eh bien ! adoptons un moment vos dogmes, d’abord parce que tout émane de Dieu, mais surtout parce que vos traditions les plus belles et les plus élevées sont un emprunt que vous nous avez fait, et parlons à vos oreilles le langage qu’elles sont capables d’entendre. Le vulgaire, en général, adopte pour mesure de la sagesse ou de la justice, non pas la vérité elle-même, mais