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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

lèthe, le crocodile, le sorite, l’argument voilé, l’amphilogie, le sophisme.

Chercher à approfondir la nature de Dieu, avec le désir de se rapprocher de lui, et non dans un vain amour de dispute, est donc un exercice salutaire, car il est écrit dans David : « Les pauvres mangeront et seront rassasiés. Vous qui cherchez le Seigneur, vous célébrerez ses louanges ; et votre cœur vivra éternellement. » Qu’est-ce à dire ? Ceux qui cherchent avec la manière véritable de chercher, les louanges du Seigneur sur les lèvres, seront rassasiés du don de la connaissance qui vient de Dieu, et leur âme vivra. Le saint roi appelle ici allégoriquement du nom de cœur l’âme, principe de notre vie, et leur âme vivra, dit-il, par ce qu’on arrive par le Fils à la connaissance du Père. Faudra-t-il toutefois prêter une oreille confiante à tous ceux qui parlent ou qui écrivent sans la moindre retenue ? Gardons-nous en bien. Les coupes que des mains nombreuses prennent par les oreilles, c’est-à-dire par les anses, usées par le frottement, perdent bientôt leurs oreilles, et finissent par se briser elles-mêmes en tombant à terre. Il en va de même de ceux qui prostituent les chastes oreilles de la foi aux mille frivolités du monde ; ils deviennent à la fin sourds à la voix de la vérité, et tombent à terre, impuissants désormais pour le bien. La recommandation emblématique que nous adressons aux enfants, « Baisez vos amis et vos proches en leur touchant l’oreille, » est donc pleine de sagesse, puisqu’elle les avertit symboliquement que c’est par l’ouïe que s’engendre dans l’âme le sentiment de la charité[1] « Dieu est amour ; » il se donne à connaître à tous ceux qui l’aiment, comme aussi, « Dieu est fidèle, » il se communiqué aux fidèles par la voie du précepte.

    mille subtilités dialectiques, plus ou moins barbares, et qui appauvrissent l’esprit humain plus encore qu’elles ne le servent.

  1. Plutarque parle de cette coutume dans ses Œuvres morales. Il s’exprime ainsi : « Ceux qui embrassent les petits enfants les touchent à l’oreille et leur apprennent à en faire autant. Ils veulent leur enseigner par là qu’ils doivent affectionner le plus ceux qui leur sont utiles par la voie de l’oreille. »