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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ennemie de toute controverse et de toute contestation. Une fois que nous aurons appris quelle est la voie de la vérité, marchons en avant, sans jamais regarder en arrière, jusqu’à ce qu’enfin nous soyons parvenus au terme désiré de nos efforts. Ce fut donc avec raison que Numa, roi des Romains, et sectateur des dogmes de Pythagore, consacra le premier un temple en l’honneur de la Foi et de la Paix. « Abraham croit à la parole de Dieu ; la foi d’Abraham lui est imputée à justice. » Le juste des anciens temps s’adonnait d’abord à la contemplation des phénomènes qui se passent dans l’air, et suivait avec un œil curieux et philosophique, le mouvement des astres qui roulent dans les cieux. Voilà pourquoi on l’appelait Abram, qui signifie père sublime. Un jour qu’il levait les yeux au ciel, soit qu’il eût aperçu en esprit le Fils, comme le veulent quelques-uns, soit que ce fût un ange revêtu de gloire, soit que dans ses sublimes investigations il eût reconnu un Dieu, mille fois plus admirable que toute la création et que l’harmonie de ses œuvres, il accrut son nom de l’alpha, symbole de la connaissance d’un seul et unique Dieu, et au lieu d’Abram, il s’appela Abraham. Tout à l’heure, c’était un philosophe qui sondait les secrets de la nature ; maintenant, c’est un sage et un ami de Dieu. En effet, Abraham signifie père élu, père de la parole retentissante, parce que la parole articulée par la voix a du retentissement. Le père de la parole, c’est l’esprit, et l’esprit de l’homme vertueux est un esprit élu.

Je ne saurais donner trop d’éloges au poète d’Agrigente, qui célèbre ainsi la foi dans les vers suivants :

« Mes bien-aimés, je sais que la vérité réside au fond de mes discours ; mais l’acquiescement à la vérité est chose ardue et laborieuse ; les élans de la foi ne pénètrent que difficilement dans le cœur de l’homme. »

Voilà pourquoi l’apôtre aussi nous ordonne « de ne pas établir notre foi sur la sagesse des hommes » qui se vantent de posséder les secrets de la persuasion, « mais sur la puissance de Dieu, » seule capable de conduire au salut par la foi pure et simple, sans le secours d’aucune démonstration. « Qui possédera