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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ter foi à la parole d’un Dieu, et lui demander des preuves comme on en demande aux hommes ?

D’ailleurs, des différentes questions, les unes manquent de sens, comme celles-ci : Le feu est-il chaud ? La neige est-elle blanche ? D’autres, suivant la remarque d’Aristote, méritent le blâme et la réprimande ; celles-ci, par exemple : Faut-il honorer ses parents ? D’autres encourent le châtiment ; celles-ci, par exemple : Où sont tes preuves qui démontrent l’existence d’une Providence ? En face d’une Providence dont on ne peut douter, penser que les prophéties et la sublime économie de l’Incarnation ne sont pas l’œuvre d’une Providence, c’est une impiété. Peut-être même faut-il s’abstenir de démontrer ces hautes vérités, puisque la divine providence s’atteste elle-même dans toutes ses œuvres qui brillent à la fois par la sagesse et par la beauté, et qui sont créées ou manifestées chacune à leur tour. Celui qui nous dispense l’être et la vie, nous a départi également la raison, afin que nous conformions notre conduite aux règles de la raison et du bien. Car le verbe du Créateur de toutes choses n’est pas seulement sa parole produite au dehors ; il est la sagesse et la bonté de Dieu, manifestées dans toutes ses œuvres : puissance infinie, et vraiment divine, intelligible à tous, même à ceux qui la méconnaissent ; volonté qui embrasse tout dans sa toute-puissance !

Mais, comme les uns sont incrédules, les autres amis des disputes, tous n’atteignent pas à la perfection du bien. Il nous est impossible d’y arriver sans dessein fortement arrêté d’avance ; d’ailleurs, tout ne dépend pas de notre volonté, tel que l’avenir, par exemple, « car c’est la foi qui sauve, » jamais néanmoins sans le concours des bonnes œuvres. Naturellement destinés au bien, nous devons faire effort pour l’acquérir. Cette recherche demande aussi un esprit sain et droit, qui ne se laisse retarder dans ses poursuites par aucun regret. C’est là surtout que nous avons besoin de la grâce divine, d’une doctrine pleine de sagesse, de dispositions chastes et vertueuses ; là enfin, qu’il faut demander au Père de nous attirer à lui. Enchaînés à ce corps de terre,