Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 5.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
368
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

je veux, avec les hérétiques, que ce soit le Dieu bon qui confère le salut. Ce ne sont pas alors ses propres élus qu’il sauve ; ce n’est pas avec la volonté du Créateur qu’il les sauve. La violence et la ruse, voilà donc ses armes. Je le demande, à quel titre sera-t-il le Dieu bon, quand il se montre rusé ou violent et qu’il vient le dernier ? Si la demeure du Tout-puissant est différente et bien éloignée de celle du Dieu bon, avouez-le ! la volonté de celui qui confère le salut, et qui en a donné le premier exemple, se rapproche beaucoup de celle du Dieu bon.

Il suit de ce qui précède que les incrédules et les hérétiques sont des insensés. « Leurs sentiers se courbent devant eux, dit le prophète, et ils ignorent la paix. Évitez les questions vaines et inutiles, nous recommande le divin Paul ; car elles engendrent les contestations. » Eschyle nous crie :

« Ne vous consumez pas inutilement dans de stériles labeurs. »

Les investigations qui s’accordent avec la foi et qui élèvent sur le fondement de la foi la magnifique et lumineuse connaissance de la vérité, sont les meilleures, nous le savons. Nous savons encore que les choses évidentes par elles-mêmes ne sont pas l’objet de l’enquête et de l’examen ; on ne demande point, par exemple, s’il fait jour, quand il fait jour. On n’applique pas davantage la méditation aux choses incertaines, qui ne peuvent jamais être éclaircies ; par exemple, les étoiles sont-elles en nombre pair ou impair ? Il en est de même des objets dont la discussion admet le pour ou le contre. Telles sont les questions où chaque adversaire peut, à son gré, soutenir la négative où l’affirmative, par exemple : Le fœtus renfermé dans la matrice est-il un être animé ou inanimé ? Reste une quatrième catégorie où cesse toute question, c’est quand l’un des deux adversaires produit un argument irrésistible et sans réponse. Ainsi, dès que toute raison de douter est détruite, la foi s’élève triomphante sur les ruines du doute. Eh bien ! nous produisons à tous un argument décisif, péremptoire, la parole de Dieu qui s’est expliqué lui-même dans les Écritures sur tous les points qui sont l’objet ; de mes investigations. Quel est l’homme assez impie, assez étranger à Dieu, pour ne pas ajou-