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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE

n’est pas seulement par la parole, mais par la contemplation qu’il manifeste ses œuvres. « Bienheureux celui qui parle à des « oreilles qui l’entendent ! » Or, la foi est l’oreille de l’âme, et c’est à elle que le Seigneur fait allusion dans les mots suivants : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende, afin qu’ayant eu foi, il comprenne ce que dit le Seigneur, selon le sens que le Seigneur y attache. »

Au reste, Homère, le plus ancien des poètes, semble donner aussi au mot entendre l’acception de comprendre, employant ainsi l’espèce au lieu du genre.

« Lorsqu’ils entendaient fort bien, dit-il. »

En résumé, la foi du maître et celle du disciple tendent à la même fin par leur harmonieux accord. J’en appelle à ce témoignage véridique de l’apôtre : « Je désire vous voir, afin de vous faire part de quelque grâce spirituelle pour vous affermir, c’est-à-dire afin qu’étant parmi vous, nous recevions une mutuelle consolation par la foi qui nous est commune. » L’apôtre ajoute plus bas : « C’est dans l’Évangile que nous est révélée la justice de Dieu, suivant le degré de notre foi. » Paul paraît donc proclamer une double foi, ou plutôt une foi unique, mais susceptible de s’accroître et de se perfectionner. La foi ordinaire est le fondement de la foi plus consommée. À ceux qui soupiraient après la guérison, le Seigneur disait : « Votre foi vous a sauvés, » parce qu’ils arrivaient auprès de lui, conduits par la foi. L’autre foi, plus avancée en science, qui a pour base la foi ordinaire, se complète dans le cœur du fidèle, par celle qui vient de la doctrine et de l’accomplissement des préceptes. Telle était la foi des apôtres, foi « capable de transporter les montagnes et de changer les arbres de place, » selon le langage de l’Évangile. Aussi, dès qu’ils comprennent la grandeur de son pouvoir, ils supplient le Seigneur d’accroître en eux cette foi, qui, pareille au grain de sénevé, jette de profondes et salutaires racines dans l’âme et y prend un si vaste développement que la connaissance des plus sublimes mystères vient se reposer sous son ombrage.

Affirmer que l’on peut connaître Dieu par l’excellence de sa