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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XXVI.
Comment le véritable Gnostique use du corps et des choses de la terre.

Nous connaissons maintenant l’impiété de ces téméraires qui s’emportent contre la création et condamnent le corps, sans se rappeler que l’organisation de l’homme est droite, afin qu’il puisse contempler le ciel ; que le mécanisme de nos sens est dirigé vers l’acquisition de la connaissance ; qu’enfin la disposition de nos membres et de toutes les parties de nous-mêmes a été combinée pour la pratique du bien, mais non pour la volupté. De là vient que la maison de notre corps peut recevoir l’âme la plus précieuse aux yeux de Dieu, et qu’elle est jugée digne du Saint-Esprit par la sanctification intérieure et extérieure, achevée quelle est par la purification de Jésus-Christ. De plus, la conséquence réciproque des trois vertus se trouve dans le Gnostique, puisqu’il s’élève vers Dieu par la triple action de la morale, de la nature et de la raison. Car la sagesse est la science des choses divines et humaines ; la justice établit un harmonieux accord dans toutes les parties de l’âme ; et la sainteté consiste à rendre à Dieu, le culte qui lui est dû. Vous accusez la chair, dites-vous, et à cause de la chair, l’acte de la génération ; et vous alléguez, à l’appui de votre condamnation, ces paroles d’Isaïe : « Toute chair n’est que de l’herbe, et toute la beauté « de l’homme ressemble à la fleur des champs. L’herbe s’est desséchée ; la fleur est tombée ; mais la parole du Seigneur subsiste dans toute l’éternité. » Eh bien, écoutez le Saint-Esprit lui-même. Il va expliquer par la bouche de Jérémie la question qui nous occupe : « Je les disperserai comme la paille qui est emportée par le vent dans le désert. Voilà le sort et la part que j’ai réservée à ton incrédulité, dit le Seigneur ; et parce que tu m’as oublié et que tu as espéré dans le mensonge, moi aussi, j’exposerai devant tous ta nudité, et ton ignominie paraîtra, et ton adultère, et tes hennissements de