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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

gique que le Seigneur, quand il fut tenté, mit satan en défaut. Et je ne vois plus dès lors comment l’on pourrait attribuer à satan, comme plusieurs le font, l’invention de la philosophie et de la dialectique, puisqu’il s’est lui-même laissé mettre en défaut par un terme équivoque. Quand bien même les prophètes et les apôtres n’auraient pas connu les sciences qui sont du ressort de la philosophie, il n’en est pas moins vrai que le sens allégorique de beaucoup de passages obscurs ne peut, sans le secours des sciences en question, être expliqué clairement. Les prophètes et les apôtres ont eu, il est vrai, l’intelligence « des Écritures sans le secours de la philosophie, mais ils étaient instruits par l’Esprit saint, et c’est de lui qu’ils ont appris la doctrine qu’ils nous tout enseignée. Mais ceux qui n’ont pas été instruits de la même manière ne peuvent saisir le sens des Écritures aussi facilement : « Écris deux fois mes préceptes, dit le Seigneur, en toi-même, par la volonté et par la science nécessaires pour répondre des paroles de vérité à ceux qui t’interrogeront. » Or, quelle est la science de répondre, ou quelle est la science d’interroger ? La dialectique elle-même. Mais quoi ! La parole aussi n’est-elle pas un acte, et l’acte ne procède-t-il pas de la raison ? Car, si la raison n’était pas le principe de nos actions, nous agirions comme les brutes. Or, l’acte qui procède de la raison, est conforme à la volonté de Dieu ; « et rien, dit l’apôtre, n’a été fait sans lui, c’est-à-dire sans le Verbe divin, sans la raison. » Le Seigneur aussi n’a-t-il pas tout fait par le Verbe ? tandis que les bêtes travaillent sous l’impulsion irrésistible de la crainte. Mais ceux que l’on nomme orthodoxes se porteraient-ils vers des œuvres louables, sans savoir ce qu’ils font ?

CHAPITRE X.
Il faut plutôt s’appliquer à bien faire qu’à bien dire.

C’est pour cela donc que le Sauveur, après avoir pris le pain, a parlé d’abord et rendu grâces ; puis, après avoir rompu