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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

ne se propose pour but ni le dommage de ses concitoyens, ni les œuvres de l’injustice, mais qui contemple l’indéfectible ornement de l’immortelle nature, et sait en quoi elle consiste, pourquoi et comment elle est toujours inaltérable. Jamais la pensée d’une action honteuse ne surgit dans ces sortes d’intelligences. Platon a donc eu raison de dire « que l’homme adonné à la contemplation des idées vivra comme un Dieu parmi les mortels. L’esprit est le siège des idées ; Dieu est le siége de l’esprit. » Vous l’entendez ! Platon a dit de l’homme appliqué à la contemplation du Dieu invisible qu’il est un dieu vivant parmi les mortels. Dans le Sophiste, Socrate appelle aussi dieu son hôte d’Élée parce qu’il excelle dans la dialectique, et il le compare « à ces dieux qui, à la manière des hôtes étrangers, vont de cité en cité. En effet, quand l’âme planant au dessus de la matière, existe par elle-même de sa vie propre et n’a de relations qu’avec le monde des idées, » ainsi que le Coryphée dans le Théétète, l’homme, élevé jusqu’à la nature de l’ange, habite avec le Christ, et plonge dans la contemplation, méditant toujours la volonté de Dieu. Et véritablement :

« Voilà le seul sage ; tout le reste voltige çà et là, comme des ombres fugitives. »

« Car les morts ensevelissent leurs morts. » C’est de là que Jérémie a dit : « J’entasserai dans la ville les cadavres des enfants de la terre, que je frapperai dans mon indignation. »

Dieu, ne pouvant être démontré, n’est point le principe de la science. Mais le Fils est à la fois, sagesse, vérité, science, enfin tout ce qui peut avoir avec elles un rapport de parenté. De plus, il possède la démonstration, et l’explication de toutes choses. Toutes les puissances de l’esprit ayant été créées une seule chose, convergent au même centre, le Fils. Il est infini dans chaque notion de ses puissances, bien qu’il ne soit pas réellement un, comme ce qui est un mathématiquement, ni multiple comme ce qui admet plusieurs parties, mais en tant qu’enveloppant tout dans son unité, et dès lors un étant toutes choses. Car il est le cercle de toutes les puissances qui se meuvent en lui et s’unissent dans une