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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de Pythagore : « Il faut que l’homme aussi devienne un, » est donc répétée chez nous avec son sens mystique. Dieu, en effet, étant un, il ne doit y avoir qu’un pontife de Dieu, à l’image de cette immuable essence d’où découlent tous les biens : Le Sauveur, en interdisant jusqu’au désir, a coupé dans sa racine la colère qui n’est au fond que le désir de la vengeance. En général, le désir, quel qu’il soit, renferme un élément de trouble et de passion. Tout homme qui est parvenu à maîtriser les mouvements désordonnés de l’âme et participe en vertu de son innocence à la nature divine, s’élève à cette sublime unité. Semblable à ces marins qui ont jeté l’ancre, et qui, en voulant attirer à eux l’ancre tutélaire, se mettent eux-mêmes en mouvement vers elle, le véritable Gnostique, en s’efforçant par une vie parfaite d’attirer Dieu à lui, gravite lui-même à son insu vers la majesté divine. Qui sert Dieu se sert lui-même. Ainsi donc, dans la vie contemplative, c’est veiller à ses plus chers intérêts que d’adorer Dieu, et la plénitude de la purification introduit la sainteté de l’homme dans la contemplation de la sainteté par essence. En effet, la tempérance qui s’observe et se contemple elle-même, sans jamais se démentir s’assimile à Dieu, autant du moins que l’assimilation est possible.

CHAPITRE XXIV.
De la cause et de la fin des peines infligées par Dieu.

Du moment qu’une chose et son contraire, comme, par exemple, de philosopher ou de ne pas philosopher, de croire ou de ne pas croire, sont également entre nos mains, on peut affirmer que ces choses sont en notre pouvoir. Et pareillement, de ce que nous sommes maîtres de deux choses contraires, il suit que ce qui est en notre pouvoir est possible. Par conséquent, il est en notre pouvoir d’accomplir ou de ne pas accomplir les préceptes. Il est donc juste que la louange et le blâme résultent de nos actes ; et le pécheur, puni pour les fautes qu’il a commises, est puni pour ses fautes uniquement. Les transgressions précéden-