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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

qui régissent la création sont pleines de sagesse. Rien n’arrive sans cause. Il faut que je vive, ô Seigneur tout-puissant, parmi les œuvres de vos mains. Mais, tout en demeurant au milieu d’elles, je suis dans vous. Loin de moi la crainte, afin que je puisse approcher de vos grandeurs ! Je veux me contenter ici-bas de peu, tâchant d’imiter la justice de votre élection, qui discerne le bien d’avec ce qui n’en a que les apparences. »

Les saints et mystiques enseignements de l’apôtre nous apprennent quel est le choix vraiment agréable à Dieu. Ce choix consiste, selon lui, moins à répudier certaines choses comme mauvaises, qu’à estimer qu’il y a d’autres biens meilleurs que les biens ordinaires. Voici ses paroles : « Et ainsi, celui qui marie sa fille, fait bien ; mais celui qui ne la marie point, fait encore mieux, la mettant à même de se porter à ce qui est plus saint, et de prier le Seigneur sans obstacle. » Or, nous le savons, les choses d’une acquisition difficile ne sont point nécessaires, tandis que les choses nécessaires ont été comme placées sous notre main par la bonté du Créateur. Aussi Démocrite a-t-il eu raison de dire que « la nature et la doctrine sont choses presque identiques. » Nous en avons déjà indiqué la cause en peu de mots. En effet, la doctrine règle l’homme comme on accorde un instrument ; en le façonnant de la sorte, elle lui crée une nouvelle nature ; car il n’importe en rien que l’homme, tel qu’il est, soit l’ouvrage de la nature, ou qu’il ait été ainsi discipliné par le temps et la doctrine. Du Seigneur proviennent l’un et l’autre bien, l’un par la voie de la création, l’autre par la voie de la régénération et de la rénovation qui résultent de la nouvelle alliance. Le choix doit porter surtout sur ce qui est utile à la partie la plus noble de l’homme ; or, la partie la plus noble de toutes est l’intelligence. Avec ces pensées, les choses réellement bonnes paraissent les plus agréables, et donnent d’elles-mêmes les fruits qu’on attend, je veux dire la sérénité de l’âme. « Celui qui m’écoute reposera en paix avec confiance, et libre de crainte. Aucun mal ne viendra le troubler. Confiez-vous en Dieu de tout votre cœur et de tout votre esprit. » Par là, le vé-