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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XXIII.
Le vrai gnostique s’abstient autant qu’il est en lui de tout ce qui flatte les sens ; et il sacrifie ces biens à des biens d’un ordre supérieur.

En effet, ces hommes ne s’unissent pas assez étroitement à la nature des choses pour comprendre réellement, et avec les lumières de la gnose, que tout ce qui a été créé pour notre usage est bon, le mariage, par exemple, et la procréation des enfants, pourvu que l’on en use avec tempérance ; mais qu’il est encore meilleur de se dégager des passions et de s’établir dans la vertu par sa ressemblance avec Dieu. Parmi les biens ou les maux qui viennent du dehors, ils s’abstiennent des uns, et nullement des autres. Il y a plus : dans les choses dont ils s’éloignent avec horreur, on les voit accuser la créature et le Créateur ; fidèles en apparence, le fond de leurs pensées est impie. Ce commandement : « Tu ne convoiteras pas, » n’a besoin ni de la nécessité qui provient de la crainte, et qui impose l’abstinence des choses agréables, ni de la récompense qui, par l’invitation de la promesse, engage à réprimer les désirs criminels. Ce n’est point à cause du précepte en lui-même, mais à cause de la promesse, que choisissent l’obéissance ceux qui obéissent à Dieu, en vue de ses rémunérations, et attirés par elles comme par un appât. Toutefois l’aversion pour les choses sensibles n’a pas pour conséquence de nous unir aux choses qui sont perçues par l’intelligence. Au contraire, l’union aux choses perceptibles uniquement à l’intelligence, détourne naturellement le Gnostique des choses sensibles, comme il convient à un homme qui, par le choix de ce qui est beau, a embrassé le bien avec pleine connaissance, qui bénit la génération et proclame la sainteté du Créateur, mais aussi bénit et sanctifie la ressemblance qui nous rapproche de Dieu. Il dira : « Cependant je veux me délivrer du désir, Seigneur, afin de m’unir plus étroitement à vous. L’économie de ce monde est belle et les lois