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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tion :« Ils vivent dans une espérance mauvaise. » Héraclite est d’accord avec Socrate dans ce passage de son discours sur l’Homme : « Des choses que l’homme ne peut ni espérer ni attendre lui sont réservées après sa mort. » Il était donc inspiré par Dieu l’apôtre qui écrit aux Romains : « L’affliction produit la patience ; la patience, l’épreuve ; l’épreuve, l’espérance, et cette espérance ne sera pas confondue. » En effet, la patience souffre en vue de l’espérance à venir. L’espérance signifie à la fois ce que l’on attend et la possession de la chose attendue. L’espérance, dans cette dernière acception, ne sera pas confondue, puisqu’elle n’aura plus rien de variable ni d’illusoire. L’homme qui obéit à la vocation pour elle-même, uniquement parce qu’il a été appelé, ne tend vers la connaissance ni par les menaces de la crainte, ni par l’attrait du plaisir. En retirera-t-il au dehors quelque fruit ou quelque délectation ? Il ne l’examine pas. Entraîné par l’amour de celui qui est réellement aimable, et conduit au devoir, il rend à Dieu un culte légitime. Supposez, si vous le voulez, que Dieu lui ait donné le pouvoir de faire impunément ce qui est défendu ; supposez, qu’en retour de la violation de la loi, la félicité des bienheureux lui soit assurée ; supposez même, ce qui est impossible, que ses actions doivent demeurer toujours un mystère pour Dieu, jamais il ne consentira à rien faire contre la raison, une fois qu’il aura embrassé ce qui est vraiment beau et désirable en soi-même, et par conséquent aimable et digne d’être recherché. Le bien, en effet, n’est pas dans l’entretien et la nourriture du corps. Notre Gnostique sait « que ce qui nous rend agréables à Dieu n’est pas le manger, » ni le mariage, ni le célibat lorsqu’il est gardé par une aberration de l’intelligence, mais les œuvres vertueuses qui ont pour principe la lumière et la sagesse. S’il en était autrement, l’animal privé de raison aurait la tempérance, lorsqu’il ne touche point à la nourriture sous le bâton que son maître lève contre lui. Annullez les promesses faites à ces prétendus hommes de bien ; écartez de leur tête le danger qui les menace, et à l’instant même vous verrez le fond de leur cœur.