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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Ce que l'on dit du sommeil, il faut l’entendre aussi de la mort. L’un et l’autre état figurent la retraite de l’âme ; la mort en est une image complète, le sommeil, une image affaiblie. Héraclite, au besoin, nous donnerait la même leçon : « La mort, dit-il, touche au sommeil, puisque l’homme y est privé de la lumière ; dans le sommeil, la vie touche à la mort ; dans l’état de veille, la vie de l’homme qui est privé de la vue, touche au sommeil. » « Bienheureux, en effet, suivant les expressions de l’apôtre, ceux qui connaissent le Seigneur, parce que l’heure est déjà venue de nous réveiller de notre assoupissement. Car nous sommes plus près de notre salut que quand nous avons reçu la foi. La nuit est déjà avancée et le jour s’approche. Quittons donc les œuvres de ténèbres et revêtons-nous des armes de la lumière.» L’apôtre appelle métaphoriquement le Fils du nom de lumière et de jour ; par une autre métaphore, les préceptes sont les armes de la lumière. Voilà pourquoi il nous est recommandé de ne nous présenter à l’autel pour le sacrifice et la prière que purifiés par les ablutions, lavés et couverts de riches vêtements. Il faut encore voir un symbole dans ces prescriptions qui enjoignent d’orner l’extérieur. La purification véritable consiste à n’entretenir en soi que des pensées saintes. Ces ablutions légales, dont la tradition a passé de Moïse aux poètes profanes, figuraient aussi le baptême des Chrétiens. On lit dans ces poètes :

« Pénélope, après s’être purifiée dans l’eau expiatoire et avoir revêtu des habits nouveaux, monte au temple pour y prier. » — « Télémaque trempe ses mains dans la vague écumante de la mer, puis adresse une prière à Minerve. »

Les Juifs avaient aussi coutume de se purifier à diverses reprises, en sortant du lit conjugal. Elle est donc pleine de sagesse cette parole : « Sois pur moins par l’eau que par l’esprit ; » car c’est une pureté parfaite, j’imagine, que la pureté de l’esprit, la pureté des œuvres, la pureté des pensées, la droiture des paroles, et en dernier lieu, la virginité de l’âme jusque dans le sommeil. Nous sommes, si je ne me trompe, suffisamment purifiés par un repentir sincère et durable, lorsque, condam-