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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

aussitôt après l’avoir plantée, en avoir des fruits. Or, le Seigneur est appelé vigne dans un sens figuré, et c’est lui-même qui doit cueillir le fruit quand la vigne a été cultivée avec soin, et cette culture se fait par la parole. Il faut la tailler, la bêcher, la lier, faire tous les autres travaux. Pour la culture de la vigne, il est besoin, ce me semble, et de la serpe, et du hoyau, et des autres instruments aratoires, afin qu’elle donne de bons fruits. En agriculture, en médecine, on n’est habile qu’autant qu’on a étudié les sciences diverses, dont le but est d’apprendre à mieux cultiver la terre, ou à mieux guérir ; de même, en fait de religion, on n’est solidement instruit qu’autant qu’on rapporte tout à la vérité ; qu’on prend à la géométrie, à la musique, à la grammaire, à la philosophie, ce qu’elles ont d’utile pour en faire le soutien de la foi et la mettre à l’abri de tous les piéges. Nous l’avons déjà dit, on méprise l’athlète qui ne s’est point exercé dans des luttes préparatoires. N’accordons-nous pas des éloges au pilote expérimenté qui a vu beaucoup de peuples et beaucoup de villes, et au médecin qui a traité beaucoup de malades ? C’est pour cela qu’on l’appelle empirique, c’est-à-dire qui a plus d’expérience. Celui qui rapporte tout à la vertu, soit qu’il emprunte sa science à la philosophie grecque, soit qu’il la tire de la philosophie barbare, est un véritable ami de la vérité qui la recherche de bonne foi. Il est comme la pierre de touche, autrement dite pierre de Lydie, par le moyen de laquelle on reconnaît, dit-on, l’or pur de l’or qui contient de l’alliage. Un homme de science et d’expérience sait distinguer la sophistique, de la philosophie ; la gymnastique d’un art d’agrément ; l’art culinaire, de la médecine ; la rhétorique, de la dialectique ; enfin toutes les erreurs qui se trouvent dans la philosophie barbare, de la vérité elle-même. Combien il importe pour celui qui veut se faire une grande idée de la puissance de Dieu, de s’occuper, par l’étude de la philosophie, des choses qui sont du domaine de la raison ? Combien n’est-il pas utile de savoir discerner le sens véritable de certains endroits difficiles et équivoques qui se trouvent dans l’ancien et dans le nouveau Testament ? C’est par une expression amphibolo-