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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

de Dieu seul le don de la continence. Ainsi, mes frères, vous le voyez, plus est grande la science que nous avons reçue, plus le péril que nous courons est grand et manifeste. »

CHAPITRE XVIII.
De la charité. — Réprimez les mauvais désirs.

D’après Clément, les honorables et pures inspirations de notre charité cherchent l’utilité commune, soit qu’elle rende témoignage, soit qu’elle instruise le prochain par ses actions, soit qu’elle l’enseigne par ses paroles écrites ou non. Aimer Dieu et le prochain, voilà ses fonctions. « Elle nous élève à une hauteur au-dessus de tous les discours humains. La charité couvre la multitude des péchés ; la charité souffre tout et attend avec patience l’accomplissement des promesses ; la charité nous unit étroitement à Dieu, elle fait tout avec un esprit de concorde ; c’est par la charité que les élus de Dieu ont été consommés dans le bien. Sans la charité, rien ne peut plaire à Dieu. Enfin, telle est son excellence, que nos faibles discours ne sauraient vous la définir. Qui peut être capable de posséder ce don précieux, sinon ceux que Dieu en a jugés et rendus dignes ? »

Paul n’est pas moins précis : « Quand je livrerais mon corps, dit-il, si je n’ai point la charité, je ne suis plus qu’un airain sonnant et une cymbale retentissante. » Comme s’il avait dit : Si ce n’est ni par le choix de ma volonté, ni par un amour raisonné que j’endure le martyre ; au contraire, si c’est par un mouvement de crainte, et dans l’espoir de la récompense promise que je remue les lèvres pour confesser le Seigneur, je ne suis plus qu’un homme vulgaire, un instrument d’où s’échappe le nom de Dieu ; mais je ne le connais pas. Il y a, en effet, un peuple qui aime le Seigneur du bout des lèvres ; il y en a un autre qui livre généreusement son corps aux flammes du bûcher. « Et quand je distribuerais toutes mes richesses