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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

différente est donc l’émanation d’un esprit différent, une insufflation qui la fait âme et image de l’esprit. » En un mot, les Valentiniens prétendent que leurs intentions sur le Démiurgue, rival du Créateur, ont été exprimées d’avance par une image sensible dans le passage où la Genèse raconte la création de l’homme. Il y a mieux : ils font descendre jusqu’à eux cette ressemblance, affirmant que ce souffle dont l’esprit, d’une nature différente, les a remplis, était inconnu au Démiurgue. Lorsque nous viendrons à prouver qu’il n’y a qu’un seul et même Dieu, proclamé par la loi, les prophètes et l’Évangile, nous combattrons ces doctrines : cette question est dominante. Pour le moment, allons au plus pressé. S’il est vrai que la race privilégiée soit descendue pour détruire la mort, ce n’est donc pas le Christ qui l’a détruite, à moins qu’on ne lui donne la même essence qu’aux membres de la race favorisée. Mais s’il l’a anéantie pour qu’elle n’atteignit point la race privilégiée, les membres de cette race, émules qu’ils sont du Démiurgue, et d’après la formule de leurs dogmes, soufflant dans leur image la vie supérieure de l’âme, dont l’essence est intermédiaire, ne détruisent donc pas la mort, quand même ils feraient intervenir ici la Mère pour cette destruction. Ou bien, s’ils soutiennent que c’est de concert avec le Christ qu’ils livrent assaut à la mort, qu’ils confessent ouvertement ce dogme mystérieux, puisqu’ils ne craignent pas d’attaquer la divine puissance du Démiurgue, en réformant ses créatures comme s’ils lui étaient supérieurs, et en s’efforçant de sauver de la dissolution cette image charnelle, que lui-même n’a pu affranchir de la corruption. À ce compte, le Seigneur aussi serait d’une nature meilleure que le dieu Démiurgue ; or, quel fils a jamais lutté contre son père, et cela entre dieux ? Mais que le Seigneur tout-puissant, que le Démiurgue, ou Créateur de toutes choses, soit le père du fils, nous remettons à le prouver dans la discussion où nous combattrons l’hérésie, suivant notre promesse, en montrant qu’il n’y a qu’un seul et même Dieu, proclamé par le fils.