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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE XIII.
Réfutation du système de Valentin sur l’abolition de la mort.

Valentin s’exprime en ces termes dans une homélie : « Vous êtes immortels dès l’origine ; vous êtes les fils de la vie éternelle, et vous avez voulu répartir la mort entre vous, afin de la dépenser, de la détruire, et que la mort mourût en vous et par vous. Supposez le monde en ruines ; pour vous, vous n’éprouveriez point la dissolution ; vous êtes les rois de la créature, et vous avez pouvoir sur l’empire de la mort. »

Valentin suppose, avec Basilide, une élection par droit de naissance, et une race privilégiée qui descend sur notre terre pour exterminer du milieu des hommes la mort, œuvre funeste du mauvais principe qui a créé le monde. Voilà pourquoi le sectaire s’appuie de cette parole de la Genèse : « Nul homme ne verra la face de Dieu sans mourir, » pour soutenir que Dieu est l’auteur et la cause de la mort. C’est du moins ce qu’il insinue quand il dit : « Autant l’image est inférieure au modèle vivant, autant le monde est au-dessous de l’Æon vivant. Quelle est donc la cause de l’image ? La majesté du modèle qui a fourni au peintre le type, afin que la gloire en resplendît par le nom qu’il lui communique. En effet, ce n’est point d’après sa propre vertu que l’image a été reproduite ; le nom de la figure que reproduit l’image supplée à l’imperfection de l’œuvre. Ce qu’il y a d’invisible en Dieu nous explique le monde corporel. » Comme le Créateur est appelé dans l’Écriture Dieu et Père, Valentin le nomme image du vrai Dieu et prophète ; il transforme en peintre la sagesse, qui reproduit l’image pour glorifier l’invisible. « Les êtres qui naissent de l’accouplement, voilà les plérômes, dit-il ; ceux qui procèdent d’un seul principe, ne sont que des images. » Mais puisque les substances visibles n’appartiennent pas au Dieu invisible, l’âme, substance intermédiaire, c’est-à-dire